L'empereur Yongle était si content de voir le palais terminé qu'il demanda à voir un certain Hu, fonctionnaire qui avait, disait-on, le don de prédire l'avenir. Ce dernier prédit que le palais serait ravagé par une incendie le 8ème jour du quatrième mois de l'année suivante. L'empereur Yongle était si fâché à l'annonce de cette catastrophe qu'il fit emprisonner le fonctionnaire et promit de lui couper la tête si l'incendie n'avait pas lieu. Personne n'avait pris au sérieux la prédiction du fonctionnaire, car tout le monde était pris dans l'ambiance de fête avec la fin de la construction du nouveau palais. Au même moment, l'empereur Yongle envoya pour la sixième fois Zheng He et sa flotte parcourir les mers.
Le 9ème jour de mai 1421, le temps changea et on entendit gronder le tonnerre. Soudain la foudre frappa le palais et trois halls étaient en feu.
Personne ne peut vérifier que l'empereur avait effectivement fait interroger le fonctionnaire Hu : tout porte à croire que ce dernier n'a jamais existé. Mais l'incendie est mentionné de façon précise dans les archives de l’Histoire de la dynastie Ming : « le quatrième mois de l'annnée Gengzi, un incendie éclata dans les trois halls de Fengtian, Huagai et Jinshen. »
les trois palais qui avaient nécessité vingt années de labeur pour tant de personnes et avaient couté des sommes d'argent colossales et de grandes quantités de matériel, furent complètement détruits à peine trois mois après leur ouverture. C'était un désastre pour Zhu Di. Il était certes fort attristé et dévasté par l'incendie des halls, mais il était encore plus préoccupé par le doute qui s'était emparé de lui.
Zhu Di signa un nouveau décret à l'intention de ses ministres: « Le Hall Fengtian ainsi que les deux autres ont brûlé. J'ai peur et je suis perdu. Vous devriez me faire remarquer sans détour si ma conduite est bonne afin que je puisse me corriger et montrer ainsi mon respect pour les souhaits du Ciel. »
Les ministres répondirent à la demande de Zhu Di avec enthousiasme. Certains saisirent l'occasion pour reprocher à Zhu Di son goût des grandeurs. D'autres le critiquèrent même pour avoir transféré la capitale à Beijing.
Peu après, l'empereur Yongle, pétri de peur, de colère et de contradictions, ordonna à ses ministres de se prosterner devant la Porte du Midi afin qu'ils réfléchissent aux remarques qu'ils avaient formulées. L'empereur n'hésita pas à faire exécuter un ministre qui avait osé lui faire des remarques audacieuses.
Bientôt, Zhu Di concentra tous ses efforts pour résoudre les problèmes aux frontières de l'empire et lança sa sixième expédition contre les Mongols. Mais sa santé déclinait. Cet empereur qui avait mené tant de batailles tomba de cheval et mourut à Yumuchuan lors de manœuvres militaires.
Les trois halls qui avaient brûlés ne furent pas recontruits sous le règne de l'empereur Yongle. Pendant 20 ans, la partie centrale de la Cité interdite, qui était la plus majestueuse, resta en ruines.
Dix ans s'étaient déjà écoulés. En 1436, Zhu Qizhen devint empereur sous le nom de Zhengtong : c'était la première année de son règne. Il n'avait que 7 ans lors de son accession au trône. Il admirait beaucoup Zhu Di, son arrière grand-père. Il ordonna donc la reconstruction de la Cité interdite: un projet que ni son père ni son grand-père n’avaient pu réaliser.
En automne de 1436, la cour publia un édit: « La cour ordonne que Ruan An, eunuque, Shen Qing, gouverneur militaire, et Wu Zhong, Ministre du Bureau des Travaux, prennent la tête d'une armée de plusieurs milliers de soldats pour construire neuf portes et tours. »
Cinq ans plus tard , les travaux commençèrent le jour de la publication de l'édit officiel annonçant la recontruction des trois halls ainsi que du Palais de la Pureté céleste et du Palais de la Tranquillité terrestre.18 mois plus tard, la reconstruction était terminée après avoir été retardée pendant plus de 10 ans.
L'incendie n'était plus qu'un vieux souvenir et la Cité interdite retrouva son éclat d'antan. Un nouvel édit impérial annonça cette bonne nouvelle au peuple.
La Cité interdite était finalement devenue le principal centre politique et allait le rester sous les dynasties Ming et Qing. Ce chef-d'œuvre unique dans l'histoire de l'architecture mondiale est parvenu jusqu'à nos jours. En fait, c'est le plus grand ensemble architectural dans l'histoire de l'Humanité. Il est maintenant reconnu comme faisant partie du patrimoine culturel mondial.
La Cité interdite a subi des catastrophes et des restaurations multiples au cours de son histoire. Mais ce n’est peut-être qu’un début pour elle.
Rédacteur: Juliette
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