La Cité interdite Ⅲ - Gouverner le pays par les rites ⑴

Xuanye s’assit sur le trône dans le Hall de l’Harmonie suprême et demeura empereur pendant 61 ans.

Aujourd'hui, il est très difficile de recréer la principale cérémonie qui se déroulait dans la Cité interdite car il n'y a aucune peinture de cour traitant ce sujet. Mais avec l'aide de spécialistes, on peut s’en faire une assez bonne idée grâce aux peintures d'autres cérémonies conservées au Musée du Palais. Puis on peut utiliser des technologies modernes pour représenter le couronnement de l'empereur Kangxi.

Le couronnement était solennel mais silencieux étant donné que les funérailles de l'empereur défunt se tenaient en même temps. A cette occasion, les instruments de musique impériale étaient exposés, mais personne ne s’en servait. En revanche, ils étaient utilisés pour les cérémonies importantes dans la Cité interdite.

Chaque année,il y avait trois importantes cérémonies dans la Cité interdite.

Le premier jour du premier mois lunaire de chaque année, les princes, les ministres et les envoyés étrangers venaient rendre hommage à l'empereur. Les rituels étaient les mêmes que lors d'un couronnement mais l'atmosphère était plus agréable.

Le jour de l'anniversaire de l'empereur était une fête nationale. Les artisans de la capitale décoraient les rues principales notamment de peintures et de tissus aux couleurs vives. Partout les gens chantaient et dansaient. Dans tout le pays, les fonctionnaires et les militaires envoyaient leurs vœux à la capitale.

Le solstice d'hiver était une autre occasion pour l'organisation d'une grande fête à la Cité interdite. Ce jour-là, la lumière arrivait dans le moindre recoin du Hall de l'Harmonie suprême. Lors du solstice d'hiver en 2004, on a utilisé des techniques spéciales pour enregistrer cet événement unique dans le hall car il ne se produit qu'une seule fois chaque année. La lumière du soleil se reflète sur le panneau horizontal accroché dans le centre du hall.

Les règles qui gouvernent les rituels en Chine remontent à la dynastie Zhou il y a 3000 ans. Dans les Devoirs du Ministre des Rites qui est un des chapitres des Rites des Zhou, les rites sont divisés en cinq catégories et sont observés par l'empereur et par tous ses sujets.

Les édifices dans la Cité interdite reprenaient de façon standardisée les normes des rituels.

Il n'est pas difficile d'imaginer les sensations éprouvées par un envoyé étranger lorsqu'il traversait successivement la Place Tian'anmen, la Porte de la Tour Tian'anmen, la Porte du Midi avant d'entrer dans la Cité interdite pour participer pour la première fois à une grande cérémonie.

Après avoir emprunté une entrée latérale de la Porte du Midi pour pénétrer dans la Cité interdite, il passait devant la Porte de l’Harmonie supême pour entrevoir la grande place carrée au bout de laquelle se trouvait le Hall de l’Harmonie suprême.

Entrer par la Porte du Midi et prendre la voie impériale étaient le privilège de l'empereur et de l'impératrice le jour de son mariage. Mais il y avait quelques exceptions à cette règle .

Le troisième mois lunaire était la saison printanière où l'on s’adressait les meilleurs vœux. C'était aussi le moment où les lettrés qui avaient réussi les examens à différents niveaux pouvaient réaliser leur rêve : entrer dans la Cité interdite.

L'examen au palais qui se tenait tous les trois ans était le dernier examen impérial dans la Chine ancienne. Tous les candidats sélectionnés pour l'examen à la Cité interdite avaient déjà auparavant obtenus le titre de Gongshi (lettré ayant réussi l'examen au niveau provincial). Lorsqu’ ils participaient à l’examen au palais, ils étaient honorés en tant qu’élèves de l’empereur.

Ceci est une épreuve d'examen du palais de l'époque Qianlong. Le candidat devait rédiger un essai sur un sujet choisi par l'empereur. Le réglement voulait que cet essai soit rendu avant le coucher du soleil. La partie supérieure de l'épreuve reprenait une série de détails tels que le nom du candidat, son âge, son origine, le nom de son père et celui de son grand-père, son statut social et le résultat de ses examens civils. Un fonctionnaire en charge d'évaluer les examens sélectionnait les dix meilleures essais et les soumettait à l'empereur pour la décision finale.

Avant 1790, sous les dynasties Ming et Qing, les examens du palais se déroulaient sur la place devant le Hall de l’Harmonie suprême. Mais pendant le règne de Qianlong, les examens se tenaient à l'intérieur du Hall pour montrer l'intérêt que l'empereur portait aux candidats.

Le résultat final de l'examen du palais était rendu public cinq jours plus tard.

Dans les Archives historiques No. 1 de Chine, on trouve la liste de candidats à avoir réussi le dernier examen du palais qui eut lieu en 1904. Il y avait 273 candidats parmi lesquels on retrouve des noms célèbres comme Tan Yankai et Shen Junru, mais le plus connus de tous était Liu Chunlin qui termina premier de sa promotion.

L'annonce de la liste des candidats qui avaient réussi l'examen du palais était une importante cérémonie organisée dans la Cité interdite. Reçu premier à l'examen du palais la sixième année du règne de Kangxi, Miao Tong écrivit dans son journal : « Il faisait un peu froid ce jour-là. Avant l'aube, j'étais avec les autres candidats ayant réussi agenouillé devant le Hall de l’Harmonie suprême. La veille, j'avais entendu des rumeurs sur le nom des trois premiers candidats ayant réussi. Je pensais que mes chances étaient nulles. Lors de l'annonce, j'ai entendu que mon nom était en tête de liste. Un fonctionnaire du protocole m'a tiré de la foule de candidats. Avec les deux autres candidats ayant réussi, j'ai suivi le fonctionnaire du protocole en empruntant la voie impériale de la Porte du Midi. »

Les trois lettrés chanceux empruntaient la voie réservée à l'empereur et l'impératrice pour quitter la Cité interdite par la Porte du Midi. C'était certainement la plus longue promenade dont pouvait rêver un lettré de la Chine ancienne.

Alors que les lettrés passaient leur examen au palais, les paysans chinois travaillaient d'arrache pieds car c'était la saison la plus animée de l'année. Cette série de peintures montre des paysans qui travaillent durant les différentes saisons. Sur chacune d'entre elles, on distingue un homme d'âge moyen qui semble être un simple paysan. Il s'agit de Yinzhen, le quatrième fils de l'empereur Kangxi. Sa femme et ses enfants sont aussi représentés sur la peinture intitulée Travail de la terre et filature.

Il était de notoriété publique que l'empereur Kangxi accordait une grande importance à l’agriculture et à la sericulture. Il est certain qu'il appréciait beaucoup cette série de peintures.

Yinzhen était si rusé qu'il réussit à battre tous ses riveaux et devint l'empereur Yongzheng. Comme son père Kangxi, il accordait aussi beaucoup d'importance à l'agriculture.

Dans les notes qui racontent la vie quotidienne de l'empereur Yongzheng, on peut lire qu'il travaillait la terre une fois chaque année. Le second mois lunaire de la sixième année de l'époque Yongzheng marquait le début de la saison pour les fermiers dans tout le pays. Le 18ème jour de ce mois, beaucoup de gens se rendaient à l'Autel du Dieu de l'Agriculture où cent hectares de terre situés au sud-est avaient été préparés. Après avoir déposé les offrandes sur l'autel, l'empereur devait montrer l'exemple à tous les paysans du pays en labourant une parcelle de terre. D'une main il tenait la charrue et de l'autre le fouet. Comme le voulait le rituel, l'empereur devait labourer la terre à trois reprises, mais l'empereur Yongzheng ne le fit qu'une seule fois.

Selon les croyances de l'époque, le sort d'un pays agricole dépendait de la grâce du Ciel. Présenté comme le fils du Ciel, l'empereur devait recevoir la grâce du Ciel. Mais si le Ciel ne jouait pas le jeu et que des troubles en résultaient, l'empereur serait le premier à être puni.

L'empereur était donc obligé d'entrer en contact avec le Ciel par des sacrifices.

Les empereurs attachaient une grande importance aux sacrifices et observaient des règles très strictes notamment en matière vestimentaire.

Les rites des sacrifices dans le Palais impérial étaient divisés en 80 types regroupés en trois grandes catégories : les rites majeurs observés par l'empereur, les rites moyens observés parfois par l'empereur mais le plus souvent par ses ministres et enfin les rites en groupe où seuls les fonctionnaires étaient présents. Après que les Mandchous originaires des territoires situés au de-là du col de Shanhaiguan sont devenus les nouveaux maîtres de la Cité interdite, un nouveau rite de sacrifice fut introduit.

Auparavant, on offrait souvent des sacrifices aux dieux dans le Palais de la Tranquilité terrestre, mais les Mandchous transformèrent le palais de l'impératrice de la dynastie Ming en nouvel endroit pour l'offrande des sacrifices aux dieux.

On peut encore voir un portrait du dieu Guan aussi connu comme le dieu de la guerre dans le Palais de la Tranquilité terrestre. Les officiers et les soldats des huit bannières le considéraient comme leur saint patron et lui offraient des sacrifices avant toute bataille.


Rédacteur: Juliette

Emission de CCTV-F

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