L'empereur Qianlong tira les conclusions suivantes: « Ils ne connaissent rien au protocole. Les étrangers ignorants ne méritent pas une réception courtoise. Les tributs apportés d'Angleterre seront acceptés car ils viennent de loin. En fait, mon empire céleste regorge de beaucoup de choses précieuses et il est donc inutile d'acheter des produits de ce pays. »

Georges Mac Cartney ne réussit jamais à conquérir le marché chinois comme il l’avait espéré. En revanche, il perdit son temps en questions protocolaires et n'eut jamais la chance d'expliquer le pourquoi de son voyage en Chine. Les cadeaux de l'Angleterre furent rangés dans le Jardin impérial Yuanmingyuan qui allait être occupé quelques dizaines d'années plus tard par les troupes franco-anglaises. Ces dernières retrouvèrent ces cadeaux (canons, fusils et munitions) qui n'avaient pas suscité l'intérêts des Chinois.

En février 1796, juste avant le Nouvel An chinois, l'empereur Qianlong reçut une autre lettre du roi Georges III d'Angleterre qui espérait approfondir les relations commerciales entre les deux pays, mais Qianlong rejeta une fois de plus la requête. En revanche, il signa son dernier édit impérial et le lendemain il abdiqua en faveur d'un de ses fils comme il avait promis de le faire 60 ans auparavant lors de son couronnement.

Le 3 septembre 1735, soit dix jours après le décès de l'empereur Yongzheng, Qianlong monta sur le trône. Il fit alors un vœux devant les tablettes des ancêtres : « Parmi les empereurs qui m'on précédé, Kangxi a régné 61 ans. Si j'ai la même chance grâce au Ciel, je n'oserai pas dépasser mon ancêtre et j'abdiquerai en faveur de mon fils après 60 ans de règne. » Son vœux allait maintenant être réalisé.

A la veille de son abdication, l'empereur Qianlong composa un poème exprimant ses sentiments. En voici un passage : « Aujourd'hui, c'est le dernier jour du règne de l'empereur Qianlong et demain commence le règne de Jiaqing. J'ai la chance d'avoir régné 60 ans. »

Après son abdication en 1796, l'empereur Qianlong avait toutes les raisons d’être fier. Il affirma: « Le fait que l’Etat donne la priorité à l'agriculture et à la sériculture a permis à un tiers de la population mondiale de devenir autosuffisante .L'empereur et ses sujets remplissent leurs devoirs respectifs. N'est-ce pas l'âge d'or dont rêvent les Chinois depuis des lustres ? Y-a-t-il un autre pays aussi stable et dirigé de manière aussi rationnelle que la Chine ? Y-a-t-il une autre puissance dans le monde qui puisse etre comparé à mon règne ? »

En 1796, le jour du Nouvel An , une grande cérémonie eut lieu à la Cité interdite pour marquer l'abdication de Qianlong en faveur de Jiaqing. A cette occasion, Qianlong déclara que c'était un grand événement sans précédent.

Agenouillez-vous!

Faites le premier kowtow!

Faites le second kowtow!

Faites le troisième kowtow!

Alors que les maîtres de la Cité interdite célébraient ce grand événement, Georges Mac Cartney était dejà retourné en Europe depuis trois ans. Son retour sans résultat brisa l'image que les occidentaux s'étaient fait de la Chine pendant des siècles. Il déclara : « l'empire chinois est comme un vieux bateau usé qui ne doit son sauvetage qu'à ses capitaines qui l'ont sauvé du naufrage pendant 150 ans. Sa coque gigantesque effraie ses voisins. Si un vaurien est à la barre, la discipline et la sécurité disparaîtront .Il coulera immédiatement. Comme une épave il dérivera jusqu'à ce qu'il s'échoue le long de la côté. »

Alors que les Chinois avait créé le mythe du gouvernement par les rites, à l'autre bout du monde, le même mythe était perçu comme une bulle qui pouvait éclater à tout moment.

La période des grandes cérémonies à la Cité Interdite arrivait à sa fin.

Rédacteur: Juliette