La Cité interdite Ⅳ - Administration des affaires de l´Etat ⑵

Source: CCTV.com | 02-12-2010 10:11

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Le premier mois d’hiver de 1722, l’empereur Yongzheng émit un édit impérial : tous les commentaires ou instructions écrits par l’empereur Kangxi devaient être rendus à la cour impériale. Tous ceux qui refusaient de les fournir seraient punis sévèrement.

Mais pourquoi l’empereur Yongzheng, à peine sur le trône, était-il tellement anxieux de récupérer les commentaires et les instructions rédigés par l’empereur Kangxi, son prédécesseur ? Des spéculations ultérieures avancent que l’empereur Kangxi avait exprimé ses intentions pour son successeur au trône impérial. Parmi ses instructions, certaines auraient été dommageables pour le règne de l’empereur Yongzheng. La concentration du pouvoir entre les mains de l’empereur Yongzheng commença à partir de ce moment-là,

Trois ans plus tard, un missionnaire français fit part de sa première impression de l’empereur Yongzheng : « Il était gros et grand et parlait bien. Mais il parlait trop vite. Il semblait sage et jovial ».

L’empereur Yongzheng, qui avait fait une forte impression sur ce missionnaire étranger, déplaça sa chambre à coucher du Palais de la Pureté céleste au Hall de la Méditation. Il était profondément préoccupé par son pouvoir car il n’était sur le trône que depuis peu et son règne n’était donc pas encore assez stable : beaucoup de ses prédécesseurs avaient vécu la même expérience.

Au début de la dynastie Qing, Nurhachi avait mis en place le Conseil délibératif composé des ministres importants. Toutes les affaires de l’Etat étaient discutées et décidées par le Conseil qui avait même le pouvoir incroyable de destituer l’empereur. Mais cette disposition, adoptée par Nurhachi, conduisit à de graves problèmes de succession au trône. L’empereur Shunzhi était déstabilisé par le puissant prince Duo’ergun ; et l’empereur Kangxi était amoindri par l’influence dominante de Aobai. Dans les deux cas, des personnages centraux du Conseil délibératif dérangeaient fortement l’empereur.

La Chambre de la Chaleur de l'Ouest du Hall de la Méditation était le lieu où l’empereur Yongzheng s’occupait des affaires de l’Etat et lisait les requêtes. Un vers écrit par Yongzheng lui-même y était accroché et exprimait son désir de contrôler le pouvoir.

Pour renforcer le pouvoir impérial, l’empereur Shunzhi restaura le Grand Secrétariat de la dynastie Ming, et l’empereur Kangxi établit le Bureau d’Etude du Sud, deux mesures qui visaient à diminuer le pouvoir du Conseil délibératif. Mais ce n’était pas une solution définitive.

L’empereur Yongzheng était tout à fait conscient que le Conseil délibératif représentait une menace importante pour son trône.

Mais dans la huitième année de son règne, l’empereur Yongzheng trouva le moment opportun qu'il attendait depuis tellement longtemps. Lors de la guerre contre les troupes mongoles de Ga’erdan, le Grand Secrétariat était responsable du renseignement militaire. L’empereur prétendit que certains secrets avaient été divulgués : il établit donc son Conseil des Affaires militaires.

Les maisons situées sur le côté nord-ouest de la Porte de la Pureté céleste abritaient le Conseil des Affaires militaires. On dit qu’il y avait auparavant un espace de 2 mètres entre les bureaux du Conseil des Affaires militaires et le mur du palais. Un passage conduisait directement au Hall de la Méditation en passant par la cuisine impériale. Bien qu’aucun passage secret n’ait été découvert, il semble y avoir des traces sur le mur de la cuisine impériale qui indiquent l’existence d’un tel passage.

Lorsque l’empereur réunissait son Conseil, quel que soit la voie que l’on empruntait, il n’y avait que 50 mètres entre le bureau du Hall de la Méditation et celui du Conseil des Affaires militaires. L’empereur pouvait lire dans son bureau les requêtes soumises par ses ministres, et ceux-ci écoutaient attentivement les instructions orales de l’empereur, rentraient dans leur bureau pour écrire les instructions impériales, retournaient au Hall de la Méditation et demandaient l’approbation de l’empereur. Tout le processus ne durait que deux heures. Après avoir été approuvées par l’empereur, ces instructions prenaient valeur d’édit impérial et étaient publiées par le Conseil des Affaires militaires.

Le Conseil des Affaires militaires établissait les délais pour la livraison des documents en fonction de leur urgence. Si un document était mentionné « pour livraison immédiate », il pouvait parcourir plus de 150 kilomètres par jour. Si le document était encore plus urgent, il pouvait parcourir jusqu’à 200, 250, 300 kilomètres par jour. Dans ces cas-là, le facteur changeait ses chevaux aux postes le long de la route et allait aussi vite que possible pour livrer les documents aux fonctionnaires locaux.