Lorsque l'empereur Chongzhen se pendit sur la Colline du Charbon, située derrière la Cité interdite, celle-ci au même moment avait déjà été vidée de son contenu.
Venu du nord, le nouveau maître de la Cité interdite trouvait que la culture chinoise qu'il avait héritée était intéressante. Durant l'âge d'or de la dynastie Qing, Kangxi qui avait un esprit très ouvert, acquit une connaissance profonde de la culture han en s'entourant de fonctionnaires de cette ethnie qu'il traitait avec respect. Parmi eux se trouvait Gao Shiqi.
LAI XINXIA, professeur de l’Université Nankai, Tianjin
L'empereur gardait Gao Shiqi à ses côtés.
Quand Kangxi lui posait des questions,
il lui donnait immédiatement des réponses satisfaisantes.
Quand Kangxi écrivait des poèmes,
il donnait des commentaires appropriés.
C’est pour cela qu’il reçut les faveurs de l’empereur Kangxi
Gao Shiqi était servile et rusé, il osa même présenter des copies de peintures et de calligraphie à l'empereur. Il nota dans son livre Mémoires de Jiangcun en été toutes les peintures et les calligraphies qu'il avait présentées à l'empereur.
Dans son livre, Gao Shiqi décrit en détails les caractéristiques de chaque peinture et calligraphie, mais ne mentionne pas si elles étaient authentiques.
En outre, Gao Shiqi dressa une autre liste de peintures et de calligraphies appelée Catalogue des calligraphies et des peintures de Jiangcun.
YANG DANXIA, Département des anciennes Peintures et Calligraphies, Musée du Palais
Un autre livre traite de sa collection privée.
Il y fait deux mises au point importantes:
d'abord, il donne clairement
son estimation et son opinion sur chaque œuvre.
Ensuite, il désigne celles qui pouvaient être présentées à l'empereur
et celles qui pouvaient être offertes aux membres de sa famille et à ses amis.
Son but était de présenter d’excellentes copies d'œuvre d'art à l'empereur tandis que les originaux restaient dans sa collection privée.
Après la mort de Gao Shiqi, sa collection fut intégrée dans celle du palais impérial. Ses ruses pour protéger sa collection étaient impressionnantes. Mais elles ne firent pas le poids face au temps et au pouvoir impérial.
32 ans après la mort de Gao Shiqi, Hongli, le petit-fils de l'empereur Kangxi, montait sur le trône : son nom de règne était Qianlong.
L'empereur Qianlong peut certainement tenir la comparaison avec Gao Shiqi dans son zèle à collectionner les peintures et les calligraphies ; mais il ne savait pas que les œuvres de Wang Xizhi et de Wang Xianzhi étaient en fait des copies faites durant les dynasties Tang et Song. Seule la Lettre à Bo Yuan de Wang Xun de l'époque des Jin de l'Est était un original.
Comme les trois calligraphies conservées dans le Pavillon des Trois Trésors, la plupart des peintures et calligraphies coururent le risque d'être détruites au cours de leur histoire avant de rentrer dans la collection de la Cité interdite. Il y eut de terribles catastrophes dans l'histoire des collections d’art en Chine.
Il y a 1.400 ans, sous les dynasties du Sud et du Nord, l'empereur Xiaoyi des Liang était assiégé dans la ville de Jianglin par les troupes de la dynastie des Wei de l'Ouest. La nuit précédant sa capitulation, il mit le feu à sa collection de 140.000 œuvres d'art. C'était à l'époque la plus belle collection de peintures, de calligraphies, de livres anciens et de documents historiques en Chine.
Il y a plus de 1.300 ans, l'empereur Yangdi de la dynastie Sui décida de se rendre à Yangzhou en bateau en empruntant le Grand Canal et en prenant avec lui les fameuses peintures et calligraphies qu'il avait collectionnées à Luoyang. Le bateau chavira et plus de la moitié de sa collection tomba à l'eau.
Il y a 800 ans, lorsque les troupes Jin prirent d’assaut Bianliang, la fameuse collection de l'empereur Huizong de la dynastie des Song fut dispersée et perdue à jamais.
On peut facilement comprendre pourquoi l'empereur Qianlong appréciait tant ces trois calligraphies rares et réaliser la chance que nous avons de pouvoir les admirer aujourd'hui.
Pendant deux millénaires, le sort des peintures et des calligraphies chinoises était intimement lié à celui des dirigeants suprêmes de la Chine et aux changements de pouvoir. Nous avons la chance de pouvoir admirer aujourd’hui ces chefs-d’œuvre grâce au changement dynastique qui eut lieu il y a trois cents ans
La guerre faisait rage dans de nombreux endroits à la fin de la dynastie Ming. Beaucoup de peintures et de calligraphies rares datant des dynasties Song et Yuan furent dispersées à cette époque. Lorsque Kangxi devint empereur de la dynastie Qing, beaucoup de ces œuvres importantes se trouvaient dans les mains de quelques collectionneurs privés.
Lorsque l'empereur Qianlong commença à rassembler les peintures et calligraphies qui se trouvaient dans les mains des collectionneurs privés, il se rendit compte qu'il n’avait que l’embarras du choix devant un grand nombre de pièces maîtresses.
Avant que ces peintures et calligraphies ne rentrent dans la collection impériale, leurs propriétaires avaient mis leur sceau personnel sur ces œuvres pour montrer leur appartenance. Ces sceaux rappellent l’histoire de chacune de ces œuvres.
La peinture La forêt froide sous la neige est l'œuvre de Fan Kuan, un maître de la dynastie des Song du Nord. Par le passé, elle faisait partie de la collection de la Cité interdite, mais aujourd'hui elle est la perle du Musée de Tianjin. Comme tant d'autres œuvres, elle avait été égarée en Chine avant d'être achetée par An Qi, un riche marchand de sel de Tianjin sous le règne de l'empereur Kangxi.
An Qi avait fait fortune en vendant du sel durant les dernières années du règne de l'empereur Kangxi. Après avoir collectionné un certain nombre d'anciennes peintures et calligraphies, il prépara un catalogue de sa collection qu'il appela « collection de trésors à l'encre de Chine ».
Lorsqu'on consulte le catalogue, on constate que la collection d'An Qi comprend beaucoup d'œuvres d'art dont une grande partie est dûe à de grands artistes anciens.
Au début du règne de l'empereur Qianlong, les terrains salins de Tianjin avaient été déplacés : de nouveaux marchands de sel remplacèrent les anciens dont faisait partie la famille An qui tomba en déclin.
La cour acheta une grande partie des excellentes peintures et calligraphies rassemblée par An Qi .
Rédacteur: Juliette
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