La Cité interdite Ⅸ - La mode occidentale au Palais impérial (1)

Source: CCTV.com | 02-21-2010 10:13

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Sur cette peinture intitulée Envoyés de différents pays offrant des tributs à la cour des Qing, on voit l'empereur Qianlong recevant des vœux lors de la fête du printemps dans la Cité interdite. Les fonctionnaires de la cour sont devant l'entrée du Hall de l’Harmonie suprême alors que l'empereur est assis sous l'avant-toit d’un pavillon de la Cour intérieure en attendant d’aller recevoir les envoyés étrangers. Exécuté par les peintres de la cour sur les instructions de l'empereur, cette peinture est très précise en particulier dans le détail de l'envoyé russe qui tient une horloge dans les bras.

Portrait de dame avec montre et chrysanthèmes, conservée au Musée du Palais

Durant le règne de l'empereur Qianlong, l'horloge était le symbole des techniques avancées de l'Occident et était donc l’accessoire le plus à la mode dans la Cité interdite. Elle était non seulement utilisée pour mesurer le temps mais aussi comme objet de décoration : c'était à la fois un objet d'art et un divertissement de luxe. La cour impériale déployait de nombreux efforts pour en collectionner et même pour en faire fabriquer.

Horloge à carillon de l'époque de l'empereur Qianlong dans le Hall de la Suprématie impériale, conservée au Musée du Palais

Lorsque le public admire aujourd'hui ces magnifiques horloges, il ne se rend peut-être pas compte qu'il y a 400 ans ces objets permirent aux étrangers d'entrer pour la première fois dans la Cité interdite.

La Chambre à coucher à l’arrière du Hall de la Méditation

La Chambre de la Chaleur de l'Est dans le Hall de la Méditation

Matteo Ricci (1552-1610)

Missionnaire italien, Matteo Ricci fut le premier Occidental à pouvoir entrer dans la Cité interdite en 1601, la 29e année du règne de l'empereur Wanli.

Matteo Ricci était venu dans la capitale de l'empire des Ming, habillé en lettré traditionnel chinois afin de pouvoir mieux approcher la classe des fonctionnaires lettrés chinois. Son but était de diffuser le catholicisme en Chine.

Aux XVe et XVIe siècles, les découvertes géographiques et l'ouverture de routes maritimes entre l'Orient et l'Occident enflammèrent l'enthousiasme des missionnaires catholiques pour aller travailler parmi les populations orientales. C'est ainsi que les missionnaires européens arrivèrent en Chine au milieu du XVIe siècle. Mais le confucianisme était implanté depuis plus de 2.000 ans et il avait façonné les concepts, les esprits et le mode de conduite chinois. La société chinoise trouvait le catholicisme étranger et inacceptable.

Matteo Ricci et Xu Guangqi

Matteo Ricci avait tiré les leçons des expériences difficiles de ces prédécesseurs : il faisait des commentaires flatteurs sur la culture chinoise et utilisait des objets occidentaux tels que les horloges et les cartes géographiques pour s'attirer les faveurs des fonctionnaires lettrés chinois. Sa stratégie l'aida dans son travail de prosélytisme et beaucoup de lettrés discutaient avec lui. L'un d'eux était Xu Guangqi, célèbre scientifique chinois.

Notes sur la Chine de Matteo Ricci

Matteo Ricci pensait que pour convertir les Chinois au catholicisme, il fallait d'abord convertir l'empereur, le principal dirigeant de la Chine. Le pouvoir de l'empereur pouvait être utilisé pour influencer ses sujets.

Pour pouvoir convertir l'empereur, il fallait d'abord le rencontrer en personne. La seule façon pour un étranger de le rencontrer était de lui présenter des cadeaux en tribut.

Matteo Ricci prépara pour son entrevue avec l'empereur Wanli plus de 40 cadeaux, tels que des horloges à carillon, un crucifix, une Madone, une boîte musicale et deux prismes triangulaires en verre. Lorsque Ma Tang, le Directeur du Bureau des Taxes de Tianjin,envoya son rapport sur les objets présentés par Matteo Ricci à l'empereur, ce dernier n'y prêta pas beaucoup d’attention, mais il tomba amoureux des deux horloges à carillon et fit venir Matteo Ricci au palais afin qu'il les règle. C'est ainsi que Ricci entra dans la Cité interdite, car l'empereur voulait entendre le carillon d'une horloge.

Archives sur l'empereur Shenzong de la dynastie Ming, conservées au Musée du Palais

Ma Tang, Directeur du Bureau des Taxes de Tianjin, rapporte : « les cadeaux et les bagages de l'étranger Matteo Ricci ont été examinés et mis sous scellés. Mon supérieur m'a donné l'ordre de les envoyer avec leur propriétaire à la capitale pour un examen complémentaire. »

L’Empereur Wanli

Dans une encyclopédie compilée par Zhang Tingyu et d'autres grands lettrés, une note précise que la grande horloge à carillon sonne une fois à 13 heures, deux fois à 14 heures et douze fois à minuit et à midi alors que la petite horloge à carillon sonne une fois toutes les 15 minutes, soit quatre fois toutes les heures. Dans le boîtier de l'horloge, il y a un mécanisme qui permet le fonctionnement de l'horloge mais qui n'est pas visible de l'extérieur.