Ainsi, certains couvercles de brûle-parfums et certains emaux
furent utilisés pour décorer les plafonds .
Un thangka tibétain fut utilisé comme papier à tapisser.
Les cinq récipients en émail pour les sacrifices
viennent du jardin Yuanmingyuan et étaient utilisés comme chandeliers.
Un écran fut transformé en cabinet de curiosités.
Un grand paravent fut détruit.
C’était comme une brocante.
Tous ces objets precieux étaient empilés.
Ils n’étaient même pas classés car il y en avait beaucoup trop.
Le British Museum a une des plus importantes collections au monde d’objets d’art chinois. Sa collection de porcelaines des dynasties Song, Yuan et Ming est la deuxième en importance après celle du Musée du Palais à Beijing. Dans son Oriental Hall se trouve la peinture chinoise la plus ancienne : Conseil aux servantes du Palais. Vendue par un capitaine anglais en 1903 au British Musem, il agit d’une reproduction d’une œuvre de la dynastie Sui ou Tang car l’original du IVe siècle est l’œuvre de Gu Kaizhi, un célèbre peintre de la dynastie Jin de l’Est. Cette peinture vient d’un autre pillage.
Le 28 août 1900, le corps expéditionnaire des Huit Alliés occupa Beijing : la Cité interdite était envahie pour la première fois de son histoire.
Ceci est une photo des troupes russes sur le trône du Palais de la Pureté Céleste. Les troupes des Huit Alliés occupèrent la Cité interdite pendant plus d'un an : beaucoup de vestiges culturels furent emportés.
ZHENG XINMIAO, vice-ministre de la Culture et président du Musée du Palais
Dans les archives de la cour des Qing,
on ne trouve que des rapports incomplets ;
par exemple un rapport mentionne
qu’en une journée les soldats emportèrent 300 objets de jade.
Ceci n'est qu’une estimation approximative
car il n'y a pas de chiffres exacts disponibles.
Zhongnanhai, le palais impérial provisoire construit avant la Cité interdite, fut transformé en quartier général pour les troupes des Huit Alliés.
Cette peinture intitulée Les cinq bœufs est l'œuvre de Han Huang de la dynastie Tang, elle fut volée à Zhongnanhai et plus précisément sur la Terrasse de l’Océan. C'est l'une des rares peintures authentiques d'un peintre de la dynastie Tang. Pendant de nombreuses années, personne ne savait où elle se trouvait. En 1951, le gouvernement chinois finit par la racheter à une vente publique à Hongkong pour 50.000 dollars de Hongkong.
Lors de l'invasion des troupes des Huit Alliés, le jardin Yuanmingyuan fut totalement détruit par un incendie tandis que les autres palais impériaux et les demeures princières furent pillés. Première encyclopédie complète au monde, la Grande encyclopédie de Yongle de la dynastie Ming fut pratiquement brûlée à l’Académie impériale : de ses 11.000 volumes, seulement 300 restèrent intacts dont 170 se trouvent encore en Chine alors que le reste est réparti dans des bibliothèques et chez des particuliers dans d'autres pays.
Le sort de la Cité interdite et de ses vestiges culturels changeait au gré de la destinée de la nation et des changements politiques. Durant les dernières années du séjour de Pu Yi dans la Cité interdite, les eunuques volèrent des trésors. De nombreux magasins d’antiquités ouvrirent autour de la Porte de la Paix Terrestre, non loin de la Cité interdite et derrière la plupart des propriétaires se trouvaient en fait des eunuques.
Beaucoup de calligraphies et de peintures précieuses cachées par les eunuques furent découvertes après la fondation de la République populaire de Chine. Les six coursiers de la tombe de Zhaoling, une œuvre du célèbre peintre Zhao Lin de la dynastie Jin du XIIe siècle, fut retrouvée en dessous de la scène du Palais de la Double Gloire. Cette peinture est peinte d’après des sculptures situées à Zhaoling, la tombe de l’empereur Taizong de la dynastie Tang.
Préoccupé par les vols de vestiges culturels dans le palais, Pu Yi ordonna au Bureau de la Maison impériale d’entamer des enquêtes, mais comme d’habitude, cela entraina des conséquences encore plus graves.
Le 26 juin 1923, les eunuques mirent le feu au Palais de la Construction du Bonheur afin de détruire les preuves de leur vol. Malheureusement c’est là que les trésors culturels laissés par les empereurs Qianlong et Jiaqing étaient entreposées dans des caisses. On dit que quelque 1.000 images en or de Bouddha étaient entreposées dans ce palais et qu’une bijouterie transforma ce qui restait dans les cendres en 17.000 taels de lingots et feuilles d’or.
L’incendie du Palais de la Construction du Bonheur fut condamné par toute la nation. Entretemps, Pu Yi, conscient du fait qu’il allait devoir quitter la Cité interdite, commença à offrir des vestiges culturels comme récompense à son frère Pu Jie. Durant son séjour dans le Palais intérieur sur une période de 12 ans, Pu Yi avait octroyé beaucoup d’objets à ses ministres favoris.
Ainsi Han Xizai à une fête nocturne, un chef d’œuvre de Gu Hongzhong, peintre célèbre de la dynastie Tang du Xe siècle, avait été offert par Pu Yi à un de ses professeurs. La peinture retourna ensuite en possession de la cour des Qing, mais de nouveau Pu Yi l’emporta hors du palais et elle fut vendue à un collectionneur privé. Après la fondation de la République populaire, le gouvernement la racheta à Hongkong et la confia au Musée du Palais.
Parmi les autres œuvres, il y avait deux reproductions de l’Ode à la Déesse de la rivière Luo, une peinture de Gu Kaizhi du IVe siècle. Pu Yi offrit une des reproductions à un autre de ses professeurs et elle fut ensuite achetée par la Freer Gallery of Art à Washinghton D.C.
Pu Yi avait offert beaucoup d’antiquités à ses ministres pour montrer sa générosité, mais ses dons à son frère étaient des vols organisés. Pu Yi n’avait pas le courage d’emporter lui-même des vestiges culturels hors du palais. Il fit donc de son frère Pu Jie son compagnon d’étude. Après chaque leçon un eunuque emballait des calligraphies, des peintures ou des livres rares, puis les remettait à Pu Jie avant qu’il ne quitte le palais. Ces vols continuèrent presque chaque jour, pendant plus de six mois.
Ceci est une liste de cadeaux offerts à Pu Jie, découverte par un comité spécial en charge des affaires en suspens liées à la cour des Qing. Elle indique que le vol des trésors débuta le 13e jour du 7e mois lunaire 1922 et qu’il s’agissait de 68 livres rares des dynasties Song et Yuan et de 1.285 calligraphies et peintures de diverses dynasties. Vingt six objets furent offerts le 8e jour du 11e mois lunaire.
Le 23 février 1925, soit trois mois après son expulsion de la Cité interdite, Pu Yi quitta Beijing pour le jardin Zhangyuan dans la concession japonaise de Tianjin. Il créa ensuite un “Bureau de la cour des Qing à Tianjin” qui commença à vendre les calligraphies et les peintures qu’il avait emportées de la Cité interdite. Il devait vendre pour financer son train de vie extravagant.
Personne ne sait exactement combien de calligraphies et de peintures Pu Yi vendit à Tianjin, mais parmi les fameuses peintures qu’il avait confiées à des intermédiaires, on retrouve Les portraits impériaux à travers les âges , Le Palanquin impérial et Les déesses du pays des merveilles.
La peinture Les déesses du pays des merveilles est la seule œuvre qui subsiste de Ruan Gao, un peintre des Cinq Dynasties du Xe siècle. Le Palanquin Impérial est une peinture authentique de Yan Liben de la dynastie Tang qui dépeint un mariage entre un membre de la famille impériale Tang et un membre de la famille royale du Tubo, l’ancien nom du Tibet. Les portraits des empereurs à travers les âges est une peinture aussi précieuse que L’avis aux servantes du palais qui fut vendue à un Japonais avant d’être rachetée par le Musée de Boston à la fin de la deuxième Guerre mondiale.
Rédacteur: Juliette
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