Aurora Carlson
Journaliste
Nous voici de retour à Yan'an, je m’appelle Aurora. La terre sur laquelle je me trouve a connu de grands exploits agricoles, c’est un endroit que l’on nomme Nanniwan. Il y a tout juste 50 ans, cet endroit était aride et isolé. Rares étaient les hommes qui s'y aventuraient. C’est dans les années 1940 qu’une brigade de l’armée en a fait une terre arable et luxuriante, et ce en seulement 3 ans, illustrant ainsi la puissance de l'homme à l'état pur. Dans ce deuxième volet, je vous propose d'en apprendre plus sur la magie de Yan'an.
Au lendemain de la guerre sino-japonaise, et en raison du blocus imposé par les forces ennemies, la ville de Yan'an souffre d'une très forte pénurie de nourriture et de vêtements. La population se nourrit alors d’haricots et d’herbes sauvages, des denrées très peu nourrissantes, tandis que les vêtements deviennent très vite de vieux haillons.
En réponse à la situation, le gouvernement déclare que tous les foyers doivent pratiquer l’autosuffisance, chacun devant tisser ses propres vêtements et cultiver ses denrées alimentaires. C'est ainsi que le fameux "Mouvement d'Autosuffisance" est lancé.
Ne compter que sur soi-même pour la nourriture et les vêtements
Mao Zedong
Ceci est une version chinoise du rouet. Laissez-moi donc l'essayer.
J'ai l'impression de remonter dans le temps en utilisant ce vieux rouet chinois. En fait, pendant les années 1940, les communistes ont lancé un mouvement d’autosuffisance qui a vraiment contribué à promouvoir le tissage. Le Premier ministre Zhou Enlai s’est avéré être un expert dans cet art.
Zhou Enlai
Mao Zedong
Les femmes étaient traditionnellement les seules à pratiquer le filage et le tissage. Mais à Yan'an, cette activité était pratiquée par tous, des hauts dirigeants aux soldats en passant par chaque enfant compétent.
Yan Han, Vice-président
Association des sculpteurs sur bois de Chine
Chaque jour, je filais environ 250 grammes de coton. A l'époque, le fil que je tissais était de très bonne qualité.
Malgré toutes les difficultés de l’époque, les gens ne semblaient pas trop soucieux ; en réalité, il paraissaient même apprécier le travail manuel.
Une chanson du tissage
Mis à part le tissage, l’autre activité essentielle pendant le mouvement d'Autosuffisance était le labour des terres collectives.
Chaque jour nous escaladions la montagne pour aller labourer les terres. J’étais chargé d'apporter de l'eau et le déjeuner aux travailleurs. Nous déjeunions tous au sommet de la colline. Je portais un gros seau sur chaque épaule, l'un rempli d'eau bouillante et l'autre de nourriture. Je ne faisais pas de pause pendant la montée de la colline. Je me courbais, comme cela, afin d’apporter les seaux jusqu'au sommet.
En temps de guerre, les enfants aussi devaient participer à ces activités, c'était une question de survie.
Ouyang Daina
Ancienne enfant réfugiée
Lorsque nous étions élèves à l’école primaire, nous devions aller travailler 3 jours et demi par semaine. Les collégiens, eux, devaient travailler 3 mois par an. Pendant ces 3 journées et demi, un vieil homme nous montrait comment nourrir les cochons. L’après-midi, nous devions tailler l’herbe ou bien nettoyer les cochons. Je me souviens encore comment planter des tomates, des concombres et beaucoup d’autres choses.
Ce petit lopin de terre a autrefois été cultivé par Mao Zedong pendant le Mouvement d'Autosuffisance. Comme vous pouvez le voir, même les hauts dirigeants ont dû s’adonner au travail manuel. Le potager est toujours aussi fructueux, regardez ces rangées de laitues, d'épinards et de choux et quelques tomates qui seront mûres dans les mois à venir.
Nous étions répartis dans plusieurs unités de travail, ce qui était très amusant. On se racontait des blagues et se moquait les uns des autres.
Je ne me suis jamais sentie aussi proche de la puissance humaine, celle qui bâtit le monde dans un endroit isolé et risqué comme Yan’an.
Anna Louise Strong
Chang Deyi, Artiste folklorique
Lorsque j’entonne des chants révolutionnaires, cela m’inspire un profond respect pour le Président Mao. Je puise ma force et mon inspiration dans ces chansons.
Ces jours sont aujourd'hui bien loin, mais les vestiges de cette époque sont toutefois toujours visibles à Yan’an.
Je me promène en ce moment même dans le complexe résidentiel où avaient l'habitude de se rassembler les anciens dirigeants de Yan'an, un endroit que les Chinois appellent le « Jardin des dattes ».
Stephen Mackinnon, Professeur
Université d’Arizona (Etats-Unis)
Les dirigeants du mouvement de Yan'an vivaient très modestement dans des grottes et sans serviteurs autour d'eux, comme cela se faisait beaucoup dans d'autres parties de la Chine que les étrangers avaient visitées. Ces derniers étaient donc très impressionnés par cette atmosphère différente qui régnait à Yan’an.
Les derniers évènements de la vie politique, économique, culturelle et sociale en Chine comme à l´étranger.
L´Asie Aujourd´hui, c´est un regard complet sur les grands sujets qui agitent le continent, à la fois objectif et replacé dans leur contexte.