Yan´an : l´espoir au-delà des épreuves(2)

C'est à l’intérieur de ces grottes, creusées dans les flancs des montagnes, que les dirigeants vivaient et travaillaient. C'est aussi là qu’est né le mouvement d'Autosuffisance.

Le plus bel exemple du mouvement d'Autosuffisance est Nanniwan, le nom donné à cette vaste parcelle de terre aride transformée en d’abondantes cultures en seulement 3 ans.

Le travail dans les champs a rapproché les gens, favorisant ainsi de fortes relations de coopération et un certain esprit de communauté.

Les relations entre les gens étaient très harmonieuses. On s’entraidait les uns les autres, et on travaillait en groupe. C'était vraiment le bon temps. Je garde un très bon souvenir de Yan'an.

Zhang Qiao, Ancien dentiste

Association chinoise de Médecine

Entre camarades, nous étions comme frères et soeurs.

Pourtant rare dans le reste de la Chine, l'égalité était omniprésente à Yan'an.

Bien que Yan’an était un endroit pauvre, c’était même l’un des endroits les plus pauvres de Chine, les habitants cueillaient et ramassaient ensemble, parfois ils distribuaient même ce qu’ils avaient.

Jiang Zuhui

Ancienne enfant réfugiée

Tout le monde était si gentil et généreux. On partageait tout.

Nous étions tous égaux en ce temps-là. Par exemple, si quelqu’un recevait deux bols de riz, alors les autres aussi. Il n’y avait vraiment aucune différence entre nous.

L'alimentation et les vêtements nous étaient fournis par le gouvernement. Nous n'avions vraiment qu'à acheter nos affaires personnelles, comme une brosse à dents ou une serviette. Nous dépensions très peu d’argent à cette époque-là.

Les Japonais possèdent encore les terres les plus riches. La guerre traîne. Pourtant les habitants ont conservé leurs anciennes vertus.

Leur présence d’esprit et leur humour peuvent transformer une simple poignée de cacahuètes en une aventure exaltante.

Les gens étaient libres de s'exprimer librement et encourageaient même la critique mutuelle et constructive des performances de chacun.

Si quelqu’un avait un problème ou une plainte, cette personne là était encouragée à dire ce qu’elle pensait.

La critique et l’autocritique étaient encouragées entre collègues. « Est-ce que je t’ai bien entendu me critiquer ? Et bien à présent j’ai une bonne raison de te critiquer à mon tour ! »

Pan Zhiting, Ancien étudiant

Institut d’Art Luxun

Un jour, je me suis levé le premier pour faire un discours et un dessinateur de l’école m’a alors dessiné. Son dessin était moqueur car je ne portais qu’une seule chaussette. Mais en réalité, je ne portais pas du tout de chaussettes ce jour-là ! Je portais des sandales en paille. Ce qu’il a pris pour une chaussette était en fait une bande de tissu qui recouvrait mon pied malade. Personne n’attachait d’importance aux vêtements et à la nourriture, du moins à un niveau superficiel.

Il y avait une absence évidente de protocole ; les gens pouvaient vadrouiller dans les rues et dire ce qu’ils pensaient. Les simples soldats et les officiers se réunissaient dans un esprit de camaraderie. Lors des réunions, les places assises n’étaient pas organisées.

John Collings, L’Esprit de Yan’an

Les femmes de Yan'an se distinguaient beaucoup de l'image féminine traditionnelle qui régnait encore dans le reste de la Chine.

Yan Han, Vice-président

Association des sculpteurs sur bois de Chine

Les filles avaient des coupes au carré ou bien des nattes. Elles portaient des uniformes militaires usés.

Les femmes chinoises étaient traditionnellement considérées comme inférieures à leurs homologues masculins. Mais pendant la guerre, les femmes étaient tout aussi impliquées que les hommes. Yan'an leur offrait un moyen d'échapper à la répression ainsi qu’une joyeuse opportunité de mener un nouveau style de vie.

De nombreuses femmes qui se sont rendues à Yan’an à cette époque, comme Agnès Smedley, étaient impressionnées par les efforts qui étaient faits pour préserver une certaine égalité entre hommes et femmes, en particulier dans les campagnes où ces femmes s’étaient également rendues.

A l’époque, hommes et femmes se considéraient comme frères et soeurs. De nos jours, si un homme et une femme deviennent trop proches, les potins vont bon train. Mais à Yan’an, en ces temps-là, c’était tellement naturel d’être ensemble, l’ambiance était très décontractée.

Les étudiants et les étudiantes entretenaient des relations très proches. Nous faisions tout ensemble : étudier, cultiver les champs, participer aux activités. Nous étions même libres de tomber amoureux !

Les habitants de Yan'an vivaient comme s'ils formaient une grande famille. Ils aimaient tellement chanter que Yan'an a autrefois été surnommée « la ville des chansons ».

Les coqs chantent à tue-tête tandis que le soleil devient rouge et lumineux.

Les coqs chantent à tue-tête tandis que le soleil devient rouge et lumineux.

Sautiller avec des outils à la main, arracher les pommes de terre de toutes nos forces.

Shu Xiaoming, Ancienne professeur

Académie du Film de Beijing

Nous chantions presque tous les soirs. Ma mère chantait dans notre maison troglodytique sans allumer les lumières. Nos voisins chantaient aussi tout haut, de l’autre côté du chemin. Parfois les voisins se répondaient les uns les autres en chantant.

Il régnait une harmonie parfaite dans l’air.

Luo Gongliu, Ancien étudiant

Institut d’Art Luxun

La vie à l’époque semblait si intéressante. Lorsque nous nous levions le matin, nous pouvions entendre des chants qui résonnaient et qui venaient de toutes les directions. Ensuite, nous nous rassemblions à la rivière Yan pour nous laver le visage et nous brosser les dents. A cette époque, l’eau était vraiment propre et claire, il n’y avait pas un brin de pollution. Il était tellement plaisant d’écouter les chants pendant que nous nous lavions le visage ! La vie que nous menions, cette atmosphère, cela ressemblait vraiment... au paradis !

Les pionniers et pionnières de Yan'an appartenaient à un nouveau genre humain, aussi bien sur le plan de l'esprit que de l'action.

Une société inédite, que la terre n'avait jamais connue jusque-là.

Gunther Stein

Le gouvernement de Yan'an s’est montré très attaché au respect du principe d’égalité en organisant des élections pour les habitants. Certains officiels étaient élus démocratiquement, ce qui était alors un privilège des régions libérées de Chine.

Pour voter, les villageois plaçaient un pois dans le bol correspondant à leur candidat favori.

La vague démocratique est même devenue populaire au sein de l'école primaire de Yan'an.

Zhang Xiaowen

Ancienne enfant réfugiée

Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est que tous les élèves de la classe de CE1 et des classes au-dessus ont assisté au 7e Congrès lors duquel le Président Mao a pris la parole.

Les contacts entre les habitants de Yan'an et les hauts dirigeants étaient fréquents et relativement décontractés.

La vie à Yan’an était pleine de libertés. Un jour, alors que je me tenais au sommet d’une colline, j’ai soudainement aperçu le Général Zhu De et d’autres hauts dirigeants qui avançaient vers moi. J’ai vite baissé la tête et je les ai regardé en douce, je ne voulais pas qu’ils me voient. Cela n’avait rien d’une grosse affaire que d’observer en cachette nos dirigeants. Il nous arrivait souvent de tomber sur eux.

Le vent démocratique qui soufflait sur Yan'an ne se manifestait nulle part ailleurs en Chine. Loin de l’image hiérarchique traditionnelle des précédents gouvernements, les dirigeants de Yan’an conservaient des rapports cordiaux avec la population. Cette atmosphère décontractée impressionnait beaucoup les journalistes étrangers.

Au niveau politique, même les plus conservateurs étaient impressionnés par cette popularité dont jouissaient les communistes et par cet esprit démocratique qui émanait du gouvernement de l’époque. Les dirigeants locaux ont véritablement changé leur image et celle des communistes, et l’idée que l’on se faisait d’eux a alors beaucoup évolué.

Tous ceux qui observaient les évènements qui se déroulaient à Yan'an suivaient avec beaucoup d’intérêt les nouvelles politiques d’éducation qui étaient alors largement mises en place.

Stephen Mackinnon, professeur

Université d’Arizona (Etats-Unis)

Ce qui a également beaucoup impressionné les Occidentaux à Yan’an et qui n’était pas du tout visible dans le reste de la Chine, c’était les efforts déployés en matière d’éducation ; même au plus bas niveau, les gens étaient éduqués. Dans les villages, un certain nombre de classes d’alphabétisation étaient dispensées aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Les Occidentaux n’avaient jamais assisté à cela en Chine auparavant. Les Etats-Unis ainsi que d’autres pays occidentaux mettaient beaucoup l’accent sur l’éducation, cela représentait une sorte de liberté pour le peuple, un moyen de devenir un bon citoyen. Et c’est cela qu’ils ont vu se produire à Yan’an.

Emission de CCTV-F

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