Un lit était placé de chaque côté du Hall de la Méditation : celui situé à l' est était réservé à l’impératrice, celui situé à l'ouest à une concubine. L’empereur devait baisser les rideaux des deux lits exactement en même temps, avant d’aller dormir afin de dérouter un éventuel assassin. De cette façon, personne ne savait dans quel lit il dormait.
Il était de coutume de se lever tôt à la Cité interdite. He Rong’er, une servante de l’impératrice douairière Cixi, nous donne des détails sur le lever dans la Cité interdite et surtout sur le lever de Cixi : « Dès que la lampe dans la chambre de Cixi s’allumait, les femmes de compagnie se prosternaient par terre et lui souhaitaient bonne chance. Après avoir refait le lit, elles apportaient une bassine en argent remplie d’eau chaude. Cixi enveloppait ses mains d’une serviette chaude pendant un long moment de sorte que l’eau devait être remplacée deux à trois fois. Adopté par Cixi pour rester en forme, ce procédé soulageait les mains et les articulations des doigts. Ensuite, elle se lavait d'une manière particulière le visage avec une serviette chaude pour contrer les rides du visage. Enfin, Cixi s’asseyait à table. Un eunuque lui peignait les cheveux, lui dessinait les sourcils, poudrait son visage et mettait du rouge sur les joues. Ensuite elle prenait deux pipes de tabac à priser ( ???) et buvait une tasse de thé au lait. Elle avait l’habitude de boire du lait maternel et du lait de vache. Cixi aimait beaucoup s’habiller, et elle expliquait aux autres pourquoi c’était important. Elle disait souvent : « Si une femme n’a pas envie de bien s’habiller, sa vie sera ennuyeuse. »
Après s’être lavé le visage et s’être habillée, Cixi s’asseyait sur le siège du pouvoir. L’empereur Guangxu, sa femme et ses concubines attendaient à l’extérieur pour présenter leurs hommages à l’impératrice douairière : un rituel devenu une règle dans la Cité interdite depuis plusieurs siècles. Le jour suivant la cérémonie de mariage, lorsque l’empereur Guangxu présenta ses hommages à Cixi, ils eurent la conversation suivante :
Cixi a demandé avec un sourire : « D’où venez-vous? » L’empereur Guangxu de répondre : « du Hall de la Méditation. » « Avez-vous traversé la Porte Zhongsi ? » « Oui. » « Savez-vous pourquoi cette porte s’appelle Zhongsi ? » « Je me souviens que mon professeur m’a raconté une histoire à ce sujet mais je ne connais pas toute l’histoire, je n’ai pas assez étudié. Racontez-la moi s’il vous plaît.» « Elle s’appelle Zhongsi du nom de la sauterelle mâle aux longues cornes. Lorsqu’un Zhongsi fait vibrer ses ailes et produit du bruit, beaucoup de femelles sauterelles viennent et chacune donne naissance à 99 enfants. Nos ancêtres ont exprimé le souhait d’avoir une grande famille en appelant cette porte Zhongsi. »
Après cela, Cixi regarda d'abord Guangxu et l' impératrice Longyu, puis elle arrêta de sourire.
L’inimitié entre l’empereur et l’impératrice était un secret public à la cour. Guangxu n’avait jamais éprouvé beaucoup d’affection pour sa femme parce que la décision de l’épouser avait été prise par Cixi. Celle-ci voulait renforcer son propre pouvoir et avait tenté de jouer l'entremetteuse, mais ce mariage arrangé eut pour conséquence un couple qui s’ignorait.
Les hauts murs de la Cité interdite séparent les douze palais du reste du monde. Ces douze bâtiments sont disposés symétriquement et semblent presque identiques. Ces deux ailes sont situées près des trois palais de derrière. C’est là que vivaient les concubines de l’empereur. Leur destin était entre les mains du seul homme : l’empereur. Dans certains cas, l’empereur donnait tout son amour à une seule femme. On disait qu’elle était heureuse ; mais dans la plupart des cas, les femmes qui vivaient ici devaient supporter la dure réalité de la solitude prolongée.
On racontait une histoire dans les quartiers populaires sur la façon d’appeler la concubine à la chambre impériale : on disait qu’elle était enveloppée dans un tapis et transportée jusqu’à la chambre sur le dos d’un eunuque. Mais était-ce bien vrai ?
Tous les après-midi, lorsque l’empereur dînait, toutes ses concubines se rassemblaient dans le Hall de la Paix et du Bonheur, dans l’arrière-cour du Hall de la Méditation. Elles attendaient en silence, lorsque l’empereur avait fini son repas, il désignait celle avec laquelle il désirait dormir cette nuit-là.
Ces baguettes à l’extrémité verte portaient le nom de chaque concubine. La main de l’empereur choisirait celle qui passerait la nuit avec lui.
Parmi les empereurs de la dynastie Qing, Guangxu est celui qui eut le moins de concubines. Il n’avait que l'impératrice et deux concubines. Mais le nom de l’impératrice, maîtresse des quartiers d’habitations, ne figurait pas parmi les choix. L’impératrice Longyu vivait souvent dans le Hall de la Satisfaction du Corps situé à l’est de la chambre de Guangxu dans le Hall de la Méditation. La vérité était que ces époux étranger à l’un à l’autre n’avait jamais vécu comme mari et femme.
La concubine Zhenfei avait facilement l’avantage sur l’impératrice lorsqu’il s’agissait de conquérir la faveur de l’empereur.
Une règle avait été établie selon laquelle aucune concubine ne pouvait rester avec l’empereur toute la nuit, même si elle avait toute sa faveur .Dans la réalité, après avoir dormi avec l’empereur, la concubine ne devait pas retourner dans sa propre chambre à coucher mais dormait dans une chambre voisine de celle de l’empereur dans le Hall de la Méditation. La chambre Xiwei dans le Hall de la Paix et du Bonheur, derrière le Hall de la Méditation, était en fait la deuxième chambre de Zhenfei. Guangxu s’était arrangé pour faire meubler cette chambre afin qu’ils puissent y vivre ensemble. Mais cette période amoureuse n’allait pas durer longtemps.
Zhenfei était obéissante et intelligente, elle pouvait écrire des deux mains, elle aimait dessiner et chanter. Elle aimait aussi porter des habits de garde du corps et se déguiser en jeune homme pour amuser l’empereur. On dit qu’elle introduisit la photographie dans le palais. Elle s’amusait à poser avec Guangxu et elle demandait aux eunuques de prendre des photos.
Guangxu accordait tout son amour à Zhenfei et négligeait les autres, ce qui irritait énormément l’impératrice douairière Cixi qui réagissait en punissant Zhenfei soi disant pour son extravagance. Pourtant l’art de la photographie, instrumentalisé pour condamner le mauvais comportement de Zhenfei, allait devenir la plus grande passion de Cixi.
Rédacteur: Juliette
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