La Cité interdite Ⅵ - Les céramiques du Musée du Palais ⑴

Dans la Chine ancienne, les objets les plus rares et les plus beaux étaient exclusivement utilisés par la famille impériale. La seconde année du règne de l'empereur Hongwu des Ming, le premier four impérial de l'histoire chinoise fut officiellement installé à Jingdezhen . Il était supervisé et géré par la cour impériale et on y utilisait la meilleure qualité de glaise.

Toute la porcelaine produite à Jingdezhen était exclusivement destinée à la famille impériale. Le peuple ne pouvait l'utiliser ou en faire commerce. Toutes les méthodes et les formules de cuisson étaient hautement confidentielles. L'empereur Zhu Yuanzhang des Ming décida que toute la vaisselle pour les sacrifices au ciel et à la terre devaient être en porcelaine. Il avait pris cette décision par souci d'économie car à cette époque toute la vaisselle pour les sacrifices était en or, en argent ou en jade. Plus tard, l’empereur Zhu Di prit l'initiative d'utiliser des bols en porcelaine et non en jade pour les repas. Il se servait aussi de la vaisselle en porcelaines pour les rîtes funéraires et pour les cadeaux faits aux pays vassaux de la Chine.

Cette coupe en porcelaine « bleu et blanc » fut fabriquée sous le règne de l'empereur Yongle des Ming et elle est aujourd'hui conservée au Musée du Palais. Les quatre caractères à l’intérieur signifient qu'elle fut « fabriquée sous le règne de l'empereur Yongle ». C'est la première coupe des fours officiels qui porte le nom du règne de l'empereur sous lequel elle fut réalisée. C'est à partir de ce moment que les empereurs chinois commencèrent à apprécier que la porcelaine porte le nom de leur règne : c'est la principale caractéristique des porcelaines impériales.

Avec l'appui des empereurs, la qualité de la porcelaine s'améliora nettement sous les Ming. A cette époque, les artisans de toute la Chine venaient à Jingdezhen. Leur production fut exportée dans le monde entier. Cela fit la renommée de la ville qui devint le principal centre de production de porcelaine en Chine.

Un missionnaire français de passage à Jingdezhen décrivit l'ambiance spectaculaire de la production de porcelaine : « Le jour, de grosses fumées cachaient les nuages. Une fois la nuit tombée, les feux des fours embrasaient le ciel. »

Une fois terminés, les objets en porcelaine étaient transportés par des bateaux chinois, perses, portugais et anglais de Yangzhou, Guangzhou et Quanzhou vers l'Inde, la péninsule arabe, l'Europe et même l'Afrique.

C'est à cette époque que la porcelaine la plus délicate et de plus haute qualité était fabriquée à Jingdezhen. Elle était exclusivement envoyée à la Cité Interdite à Beijing.

Ces porcelaines impériales Ming étaient envoyées directement de Jingdezhen au Palais impérial.

Aujourd'hui, des porcelaines impériales sont rassemblées au Musée du Palais, mais on y trouve aussi des porcelaines spécialement fabriquées pour l'exportation sous les dynasties Yuan et Ming. La porcelaine « bleu et blanc » en est l'exemple typique.

Au cours d'une vente aux enchères chez Christie's en Angleterre en juillet 2005, un vase bleu et blanc représentant le mont Guiguxia et fabriqué sous la dynastie Yuan a été adjugé pour 230 millions de yuan, le montant le plus élevé jamais payé pour un objet d'art asiatique.

Ceci est un plat « bleu et blanc » fabriqué sous la dynastie Yuan et conservé au Musée du Palais. Ceci est un vase à décor bleu et blanc à couverte rouge ; il est beaucoup plus rare que les porcelaines « bleu et blanc ».

Les premières pièces à décor « bleu et blanc » furent fabriquées sous la dynastie Tang et devinrent populaires sous les Ming. A cette époque, la qualité et la quantité atteignirent des sommets jamais égalés. Ces exemples sont les pièces les plus représentatives de « bleu et blanc » fabriquées sous le règne des empereurs Yongle et Xuande, et ils sont conservés au Musée du Palais. Les pièces furent fabriquées avec du bleu de cobalt ramené de l’Ouest par Zheng He. Le bleu de cobalt était utilisé pour produire une couleur riche et éclatante. On trouve des taches uniques sur la surface de ces porcelaines. Ces taches sont similaires aux effets réalisés avec des techniques employées dans les peintures à l'encre de Chine.

C'était l'époque où les porcelaines « bleu et blanc » étaient les principales exportations chinoises vers l'Asie, l'Europe et l'Afrique. Sous les dynasties Yuan et Ming, de nombreux bateaux chargés de porcelaines fabriquées en Chine coulèrent dans les océans Atlantique et Indien. Chaque effort de sauvetage apporte des nouvelles découvertes surprenantes.

Tout objet en porcelaine est délicat. Durant la cuisson à haute température, il est difficile de prévoir et de contrôler les changements compliqués en cours. C'est pourquoi les Chinois dans l'ancien temps affirmaient qu'il était difficile de produire de la porcelaine qui soit vraiment fine. Pour l'obtenir, il fallait réunir des conditions favorables et atteindre un haut degré de maîtrise.

Beaucoup d'artisans n'arrivaient pas à produire de la porcelaine vraiment délicate du point de vue de la forme, de la qualité, du modèle et de la couleur, malgré toute une vie d’effort.

Mais certaines porcelaines de qualité sont restées intactes pendant des siècles et nous sont parvenues. Les pièces les plus représentatives fabriquées dans les fours impériaux Ming sont rassemblées au Musée du Palais.

Si une porcelaine fabriquée dans les fours impériaux avait une imperfection, elle était immédiatement jetée. Voilà les ruines du four impérial de la dynastie Ming à Jingdezhen. On peut encore voir dans le sol des débris de porcelaine « bleu et blanc » datant de cette époque. Dans la Cité interdite, les eunuques étaient responsables d’enterrer les porcelaines cassées. Selon les archives des dynasties Ming et Qing, si un objet en porcelaine utilisé dans le Palais impérial était endommagé, il devait être jeté selon une procédure particulière. Ces objets devaient être enterrés dans un endroit spécial et aucun morceau ne pouvait être emmené en dehors du palais. Après la création du Musée du Palais, un grand nombre de morceaux fut retrouvé dans divers anciens sites de construction, ce qui corrobore ce que disent les archives.

C'est dans le quartier Beiwusuo du Musée du Palais que des morceaux de porcelaine furent découverts et devinrent les meilleurs échantillons pour l’étude de la porcelaine ancienne. La principale tâche de la section de céramique du Département des Antiquités du Musée du Palais est de nettoyer ces morceaux de porcelaine.

Pourquoi n'y a-t-il aucune inscription qui indique la date de fabrication ?

GENG BAOCHANG, chercheur au Musée du Palais

Jusqu'à présent on ne sait pas

si les porcelaines du règne de l'empereur Kangxi

ont été fabriquées dans des fours officiels ou privés.

Certaines porcelaines étaient vendues à l'étranger,

elles n'ont pas été produites dans les fours impériaux.

L'empereur Kangxi ne souhaitait pas

voir la date de son règne sur les porcelaines

car il trouvait que celles-ci étaient fragiles.

Une fois cassées on les jetait,

ceci signifiait de la même façon que

l'on se débarrassait de l'empereur.

Emission de CCTV-F

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