La Cité interdite Ⅷ - Les jades de la Cité interdite (2)

LI BOSHENG, maître artisan

Il est intéressant de remarquer

qu’il a signé de son nom, Zigang,

toutes ses œuvres, grandes ou petites.

Il y a beaucoup d’histoires qui circulent sur lui,

voilà l’une d’entre elles :

Un jour, l’empereur convoqua Lu Zigang à la cour et lui dit :

« Zigang, fabrique-moi un objet en jade mais sans ta signature ».

Lu y pensa longtemps.

A la fin, il sculpta un cheval sans signature.

L’empereur pensa que Lu avait respecté ses instructions,

mais un de ses ministres de haut rang,

après un examen minutieux, découvrit que

les trois caractères « fabriqué par Zigang »

se trouvaient sur les oreilles du cheval.

Le ministre n’osa pas révéler cela à l’empereur

mais avec le temps celui-ci découvrit le secret .

Cependant il était content de la pièce et Lu ne fut pas puni .

Comme Lu Zigang avait beaucoup de talent, un grand nombre d’artisans sous la dynastie Qing essayèrent d’imiter ses travaux et fabriquèrent leurs propres objets en jade signés Zigang.

LI BOSHENG

Lu Zigang a créé sa propre marque,

ses objets en jade avaient une forme très spéciale : rectangulaire.

Ils étaient fabriqués en respectant la règle d’or

et étaient vraiment magnifiques.

Les côtés, les cadres et les sculptures étaient exécutés avec soin.

Il sera difficile aux artisans des générations futures

de réaliser ce qu'il a fait .

Il est souvent difficile de déterminer l'authenticité d'un objet en jade qui porte la signature de Zigang. Parmi les objets en jade du palais impérial qui sont attribués à Lu, le mot Zigang apparaît associé avec différents styles. Authentiques ou non, ils sont tous des trésors artistiques. Outre Lu Zigang, la Chine produisit plusieurs autres maîtres-artisans du jade : Zhi Ting et Zhu Yongtai ont laissé des œuvres d’une splendeur éternelle qui s’ajoutent aux autres trésors artistiques chinois.

Après la mort de l’empereur Qianlong, la dynastie Qing connut un déclin rapide de sorte que la demande pour les objets en jade diminua considérablement.

Fabriquée sous le règne de l’empereur Jiaqing, cette pièce en jadéite est une imitation de jade ancien.

Pendant tout le règne de l’empereur Jiaqing, on n’a extrait et transporté du Xinjiang jusqu’à Beijing que 1.000 kilos de jade, soit 20% de l’ensemble du jade extrait sous le règne de l’empereur Qianlong. La première année de son règne, l’empereur Daoguang ordonna que les jades de Hetian et de Yarkant ne soient plus présentés à la cour impériale comme tributs. La coutume d’offrir du jade à l’empereur en guise de tribut disparut jusqu’à la fin de la dynastie Qing.

Cependant, à la fin de la dynastie Qing, la collection d’objets en jade de la Cité interdite augmenta parce que l’impératrice douairière Cixi aimait les collectionner. Voilà le Palais du Printemps Eternel où vivait Cixi.

On peut voir des objets en jade dans tous les coins de ce palais. Tous furent rassemblés par Cixi.

Même les troubles intérieurs et les invasions étrangères ne pouvaient empêcher Cixi de mener un train de vie extravagant. Pour satisfaire les plaisirs de l'impératrice, les nobles de haut rang et les ministres de la cour recherchaient dans tout l'empire des trésors rares.

Cixi avait tellement d’ornements et de bibelots en jade qu’elle avait besoin de 3.000 boîtes en bois de santal pour les entreposer. Elle ne pouvait tout simplement pas se passer d’objets en jade pour sa vie quotidienne.

Elle utilisait des tasses de thé en jade, des baguettes en jade, des cuillères en jade et des bols en jade.

En 1900, alors que la Révolte des Boxeurs faisait rage, Cixi fut obligée de quitter Beijing. Elle trouva cependant le temps d’emporter certains de ses objets en jade .

Cixi appréciait spécialement les pièces en jadéite du Yunnan et de Birmanie, son goût pour la jadéite eut une telle influence dans le pays que l’on porte encore aujourd’hui des bijoux en jadéite.

Aujourd’hui, le Palais de la Paix et de la Longévité, où vivait l’impératrice douairière Cixi, abrite l’exposition des trésors du Musée du Palais.

Ces jades chéris par Cixi sont désormais livrés à la curiosité des touristes.

Il y a désormais plus de 30.000 objets en jade au Musée du Palais. Ils furent les témoins des bouleversements du monde depuis des temps immémoriaux. Ils jouent un peu le rôle de fées du palais : anciens, ils brillent encore de tous leurs feux. Ils représentent l’accumulation culturelle et la profondeur de la civilisation chinoise et attendent d’être entendus aujourd’hui et dans le futur.

Rédacteur: Juliette