Tianjin: l´influence étrangère dans l´architecture.

Le vestibule donne sur 4 pièces. Nous allons maintenant jeter un coup d’oeil à la chambre à coucher… voilà donc la chambre, spacieuse et agréable…avec aussi une jolie terrasse pour profiter du soleil ou peut-être pour écouter les oiseaux…quel confort !

Les objets précieux que Sun Yatsen a lui-même utilisés sont encore là aujourd’hui : le portrait représentant le docteur Sun et sa femme est accroché ici en bonne place comme pour mieux rappeler les décisions importantes qu’il a prises dans ces lieux alors qu’il était à la tête du pays.

Nous voici maintenant dans la chambre où a logé l’ancien président américain Herbert Hoover. Il est venu à Tianjin une dizaine d’années avant de devenir président. Ce sont les actionnaires de l’hôtel qui ont fait appel à lui en sa qualité d’’ingénieur pour les aider à construire une mine de charbon et une cimenterie. Il avait une résidence à Tianjin, mais il lui arrivait de loger également dans cet hôtel.

M. Hoover appréciait tant cet hôtel qu’en novembre 1899 il se maria ici avec mademoiselle Lou Henry. Sur ce bureau, on peut voir toujours leur photo, comme si l’on était dans leur propre maison. Même si M. Hoover a eu une grande influence sur les relations économiques entre les Etats-Unis et la Chine, ces photos nous font plutôt découvrir les moments de joie qu’il a partagés en famille. Parcourir ainsi les souvenirs de M. Hoover avant qu’il ne devienne président des Etats-Unis est vraiment captivant.

Tout au long de son existence, l’hôtel Astor a constamment bénéficié de la technologie la plus en pointe pour l’époque. D’ailleurs je viens de tomber sur un de ces vieux ascenseurs « cage ». Quelle nouveauté cela a dû représenter aux yeux des clients de l’époque ! Toujours en activité aujourd’hui, on lui a attribué le titre du plus vieil ascenseur de Chine.

Dans le couloir principal de l’hôtel Astor, on peut admirer toutes les photos des personnalités qui ont visité l’hôtel ou qui y ont effectivement séjourné. Cela vaut la peine d’y jeter un coup d’œil : le premier ministre Zhou Enlai, le dernier empereur de chine Pu Yi et sa femme Wan Rong, et nous avons aussi les 5 présidents de Chine qui ont réellement logé dans cet hôtel. Et si vous regardez par ici, vous avez les portraits des actionnaires et du fondateur de l’hôtel Astor. C’est vraiment très intéressant.

Les photos exposées ici, portraits de grandes personnalités chinoises, sont autant de repères chronologiques qui ont marqué une époque. On peut ainsi apercevoir Pu Yi, sa femme Wan Rong et bien sûr Sun Yatsen . Bref, une clientèle dont on peut s’enorgueillir !

Les Cinq Voies

Nous nous trouvons au carrefour le plus célèbre de Tianjin, communément appelé « les 5 voies ».

Ce quartier recoupe plusieurs rues célèbres, dont la sinueuse rue « Machang ». L’intérêt de ce quartier réside principalement dans le fait que les résidences étrangères ont gardé toute leur authenticité. Pour ce qui est du style, ces bâtiments tirent leur fierté d’avoir été à l’avant-garde de l’architecture européenne de leur époque. En outre, des jardins à l’anglaise renforcent cette sensation de dépaysement, surtout dans la partie ouest où l’agencement des rues forment de gros pâtés de maisons et où les bâtiments reposent sur de généreuses portions de terrain. Il est rare, même pour une ville moderne d’aujourd’hui, d’avoir une zone urbaine aussi grande que celle-ci construite en l’espace de deux décennies seulement. Ce qui est le plus surprenant, c’est que tous ces bâtiments soient restés intacts malgré la centaine d’années qui s’est écoulée. D’ailleurs, ils ont même su résister au grand tremblement de terre de Tianjin de 1976.

Je me trouve à côté de la célèbre résidence d’ Eric Liddel. Il vécut ici jusqu’à l’âge de 5 ans avant de retourner en Ecosse. En 1924, il décrocha la médaille d’or à l’épreuve des 400 mètres aux Jeux Olympiques. Par la suite, il revint à Tianjin pour enseigner l’anglais à des collégiens. Pendant la seconde guerre mondiale, il fut envoyé dans un camp de concentration japonais où il mourut en 1945. Un mémorial sino-écossais a été érigé dans la province du Shandong.

Même si cette demeure n’est le témoin que d’une partie de sa vie en Chine, le souvenir d’Eric Liddel tient toujours une place à part dans les mémoires. La plupart d’entre nous se souviennent en effet de sa brillante carrière de champion olympique qui a d’ailleurs largement inspiré le film anglais « Les chariots de feu ». Par la suite, il revint en Chine du Nord en tant que missionnaire et pédagogue : il consacra la dernière partie de son existence à ce pays et fit preuve de patriotisme pendant la guerre. Les survivants de ce camp de concentration se souviennent d’Eric Liddel moins pour ses capacités sportives que pour ses qualités humaines.

Derrière moi se trouve l’ancienne demeure de George Catlett Marshall, un grand général de l’armée américaine. Il a été l’officier principal d’une brigade d’infanterie basée à Tianjin.

En 1945, il fut nommé grand responsable de la mission diplomatique américaine en Chine, ce qui équivalait à un titre d’ambassadeur. Jusqu’en décembre 1946, il prit part à de nombreuses réunions aux côtés des responsables nationalistes et communistes afin de servir de médiateur entre les deux partis antagonistes. En décembre 1953, il obtint le prix Nobel de la Paix pour avoir été l’initiateur du Plan Marshall, vaste programme d’assistance économique et militaire pour reconstruire l’Europe de l’Ouest. En 1959, le général Marshall s’éteignit à Washington.

Résidence de Yuan Shikai

Ici vous voilà devant l’ancienne résidence de Yuan Shikai, chef de la première armée chinoise de l’ère moderne et qui devint même président de la jeune république de Chine. En 1915, il s’autoproclama empereur d’une nouvelle dynastie. Il réussit d’ailleurs à rattacher le Guangxi, le Guizhou ainsi que d’autres provinces séparatistes au giron impérial. Toutefois, 83 jours à peine après son coup de force, il décéda subitement.

Jin Pengyu – Architecte

La première caractéristique de cette maison

est de pouvoir dissimuler les personnes qui

s’y trouvent. Cette maison a l’air petite,

il ne semble pas y avoir un grand espace

derrière cette porte et pourtant c’est assez étonnant.

Allons voir ça d’un peu plus près.

Cette petite pièce est très spéciale :

même si l’on doit traverser

un couloir très étroit avant d’y accéder,

une fois à l’intérieur, nous avons la surprise de

découvrir un grand espace. Il y a aussi ces escaliers

sur le côté par lesquels nous pouvons accéder directement

au dernier étage ou bien tout en bas,

au rez-de-chaussée. Un grand nombre de personnes

pourraient se cacher dans cette maison.

C’est vraiment la première caractéristique de ce lieu.

Une autre caractéristique du bâtiment,

c’est qu’on a la possibilité de s’échapper

très rapidement. Ici vous voyez une échelle en fer

qui mène dans l’arrière-cour.

A l’époque, le jardin était envahi d’arbres

et de plantes. C’était un lieu plein de mystères.

C’est pour ça qu’on pouvait s’enfuir d’ici

très rapidement. D’ailleurs le chemin

qu’on devait emprunter est aussi très particulier.

La 3ème particularité ce sont les principes appliqués

de Fengshui ( ou géomancie chinoise).

Entrons ici pour y jeter un coup d’œil.

Dans cette partie claire de la pièce, on peut

apercevoir la rivière Hai de ces fenêtres.

La rivière, symbole de l’eau, représente

la fortune dans les croyances traditionnelles.

Cet agencement est donc une métaphore

qui signifie que « l’argent va couler à flot »

dans la demeure de Yuan Shikai.

Bien sûr, cette façon de voir les choses

appartient aux superstitions locales.

Enfin, le pavillon dans lequel nous

nous trouvons a aussi une forme octogonale.

Tracey Grebinsky, reporter

Nous voilà devant la résidence du dernier empereur Pu Yi. En 1925, il emménagea ici avec toute sa famille après avoir été chassés de la Cité Interdite de Beijing. Le bâtiment s’articule autour de trois cours indépendantes : une pour y vivre, une autre pour travailler et une dernière pour se divertir. Aujourd’hui, les lieux font office de bibliothèque pour les enfants.

Pu Yi était seulement âgé de 19 ans quand il dut s’installer ici avec sa femme Wan Rong. Il tint de nombreuses réunions et entrevues dans ces murs tout en fréquentant l’hôtel Astor quand il voulait se changer les idées. Cette résidence lui avait été gracieusement cédée par un loyaliste de l’ancien régime. Aujourd’hui, avec le chant des oiseaux dans la cour et les livres des enfants qui tapissent les murs, je pense que l’empereur aurait été satisfait de voir ce qu’est devenue son ancienne demeure.

Ge Peilin – Chercheur

- C’est une architecture de style italien.

Du 24 février 1925 à juillet 1929,

Pu Yi, le dernier empereur de Chine, a vécu

ici avec l’empératrice Wan Rong et

la concubine impériale Wen Xiu.

A cette époque, de nombreux courtisans

de la dynastie Qing avaient l’habitude de

lui rendre visite en signe d’allégeance.