Ces drôles de petits objets sont des sculptures faites à partir de racines d’arbres. Ces sculptures particulières ont été réalisées par cet homme, Monsieur Zhang Qiao. Mais qui aurait donc pu imaginer qu’une personne entretenant une telle passion soit en fait un dentiste ? Aujourd’hui retraité, il fut l’un des seuls dentistes de Yan’an. Il se rappelle parfaitement les conditions de travail très difficiles dans lesquelles il oeuvrait à l’époque.
Zhang Qiao, Ancien dentiste
Association chinoise de Médecine
J’ai relevé tous les grands défis auxquels un dentiste peut faire face. En général, j’étais seul avec l’infirmière et le patient dans la salle de soins. Le fauteuil dentaire n’était qu’une simple chaise non inclinable, et toute la journée je devais donc me pencher d’un côté pour pouvoir soigner les patients. Par conséquent, j’ai souffert de douleurs dans le bas du dos. La douleur était si intense que je pouvais difficilement me courber ou me redresser après une journée de travail.
L’une des plus grosses difficultés auxquelles Monsieur Zhang a dû faire face était la pénurie de médicaments de première nécessité et de matériel de base.
On nous a expédié des médicaments et du matériel en provenance des Etats-Unis, mais les réserves ont vite été épuisées. Nous avons donc fabriqué nos propres instruments. Même les composants essentiels comme le sulfate de calcium et l’amalgame dentaire étaient fabriqués sur place.
En tant que dentiste, Zhang Qiao a eu une carrière fructueuse et reçu de nombreuses récompenses pour sa créativité et son dévouement à la profession. Malgré toutes les épreuves, il conserve un bon souvenir de la ville.
Entre camarades, nous étions très unis. En y repensant, les jours que j’ai vécus à Yan’an sont probablement les plus heureux de ma vie. D’un point de vue spirituel, nous étions satisfaits et n’avions pas le moindre souci.
Les habitants de Yan’an ont traversé de rudes épreuves mais ont mené une vie paisible et heureuse. Cependant, la réalité du monde extérieur s’imposait : la Chine était en guerre, et Yan’an était menacée.
Voici un abri anti-aérien. Entre les années 1937 et 1945, la ville de Yan’an a été bombardée une douzaine de fois par des centaines d’avions de chasse japonais. Mais comme vous pouvez le voir, ceci n’est pas un abri comme les autres. Il a été creusé dans le flanc d’une montagne. Suivez-moi.
Ca fait du bien de sortir de là ! Je n’arrive pas à imaginer autant de gens à l’étroit dans ce petit espace pendant si longtemps.
Bien que tout le monde devait faire face à la dure réalité de la guerre, il semble que le moral des habitants restait inébranlable.
Lorsque j’allais à l’école à Yan’an, je n’avais jamais peur.
La vie était dure, mais je ne le ressentais pas du tout.
La persévérance et l’optimisme des habitants se traduisaient de différentes manières, et leurs visages souriants ont profondément marqué ceux qui vivaient là et ceux qui visitaient la région.
Leur joie de vivre était autant ressentie par les chinois que par les étrangers.
Pendant la seconde Guerre Mondiale, des journalistes des quatre coins du monde se sont rendus à Yan’an pour y faire des reportages. Ils travaillaient pour l’Associated Press, Reuters, le New York Times et bien d’autres.
La plupart d’entre eux se sont rendus à Yan’an dans le but d’apprendre comment les Chinois combattaient leurs agresseurs japonais.
Stephen Mackinnon, professeur à l’Université d’Arizona aux Etats-Unis, est l’un des plus grands journalistes étrangers ayant visité Yan’an.
Stephen Mackinnon, Professeur
Université d’Arizona (Etats-Unis)
Une certaine partie de Yan’an est internationale. Elle englobe le monde extérieur dans son état d’esprit.
Des étrangers ont visité notre école. Je me rappelle des cadeaux que nous leur avons offerts, il s’agissait de fleurs sauvages cueillies dans la montagne.
Les hôtes qui accueillaient les étrangers venant visiter Yan’an tâchaient de leur fournir des logements parmi les plus confortables, mais cela restait difficile étant donné l’appauvrissement de la région.
Les grands dirigeants tels que Zhu De, Mao, Peng Dehuai, etc. étaient très populaires, ils impressionnaient beaucoup les locaux.
La Longue Marche (Mémoires du Maréchal Zhu De), d’Agnès Smedley
La Chine rouge, de Gunther Stein
Impressionnés par tout ce qu’ils avaient entendu sur Yan’an et ce qu’ils y avaient vu de leurs propres yeux, les journalistes firent des comptes-rendus détaillés dès leur retour dans leur pays.
Pendant leur séjour, les étrangers nouèrent des liens très étroits avec les habitants de Yan’an. Afin de pouvoir écrire des articles précis et vivants, nombreux sont ceux qui ont essayé de vivre de la même façon que les locaux, allant même jusqu’à adopter leur style vestimentaire. Beaucoup d’entre eux ont ainsi voué un fort attachement émotionnel à la ville.
Yan’an est la plus charmante et pittoresque des villes forteresses imaginables, Helen Snow
Il n’y avait pas de luxe et très peu de confort. Mais il y avait des gens enthousiastes, ouverts et réfléchis. Je m’y suis moi-même ouvert l’esprit.
Anna Louise Strong
Aurora Carlson
Journaliste
Yan’an est bien sûr devenue populaire en tant que base révolutionnaire établie après la Longue Marche, mais elle a aussi beaucoup attiré l’attention des étrangers grâce à son énergie vraiment unique. Cet esprit était nouveau en Chine et même dans le monde entier, et a fait don d’un nouveau sort à l’humanité. Si vous souhaitez découvrir d’où vient l’esprit de Yan’an, suivez notre prochaine émission. C’était Aurora pour Objectif Chine.
Rédacteur: Juliette
Les derniers évènements de la vie politique, économique, culturelle et sociale en Chine comme à l´étranger.
L´Asie Aujourd´hui, c´est un regard complet sur les grands sujets qui agitent le continent, à la fois objectif et replacé dans leur contexte.