60 PORTRAITS SINO-AFRICAINS AHMED TIRKAWY
06-13-2016 09:52
Ahmed : « Devenir un pont entre Yiwu et l’Afrique »
Ahmed Tirkawy
Commerçant soudanais
Tous les mois, Ahmed Tirkawy, commerçant soudanais de Yiwu, rend visite aux pensionnaires des maisons de retraite situées en périphérie de la ville, en compagnie de ses amis du club de charité. Ce dernier regroupe des commerçants à la fois chinois et étrangers établis à Yiwu depuis des années. En tant que membre fondateur, Ahmed nous rappelle qu’à travers le temps passé aux côtés des personnes âgées, il espère rendre une partie de ce que cette société lui a si généreusement accordé.
« Il y a forcément des gens qui leur donnent déjà des vêtements et de la nourriture, mais ce n’est pas ce qui est le plus important. Nous voulons leur donner un peu de notre temps, car le fait d’être à leurs côtés les rend heureux. Je viens juste de passer un moment avec un des pensionnaires âgé de 92 ans. Il n’avait peut-être jamais vu d’étranger avant nous, et pourtant il était très heureux de nous rencontrer. »
En 2015, le virus Ebola ravageait l’Afrique. Mais à l’époque, les équipes de l’Hôpital N° 1 affilié à la Faculté de médecine de l’Université du Zhejiang venaient de réaliser les premiers essais cliniques du vaccin contre le virus Ebola, et avaient besoin de réaliser en urgence des tests de fiabilité sur des Africains. Dès le mois de mai, Ahmed a été le premier à se porter volontaire malgré les risques encourus. Sa contribution fut essentielle pour les avancées réalisées dans la prévention et le contrôle de l’épidémie sur le continent.
« À cette époque, les gens mourraient en Afrique, je me sentais obligé de participer aux essais cliniques. Les médecins étaient là pour remédier à la moindre complication. J’ai donc testé le vaccin, et je n’ai eu aucun problème, j’étais donc très satisfait. La vie ne se limite pas à faire du commerce, ni à boire ou à manger, mais elle prend tout son sens quand on vient en aide aux gens. »
Issu d’une vieille famille soudanaise spécialisée dans le commerce des tissus, Ahmed comptait naturellement intégrer l’entreprise familiale une fois diplômé. Mais le jeune homme a tout de suite été conquis par l’atmosphère commerciale intense de la ville. Il décida alors de s’y établir. À ses débuts, il essuya néanmoins de nombreux revers en raison de son manque d’expérience dans le monde des affaires.
« À mes débuts, je ne savais pas comment m’y prendre. Je n’avais même pas de traducteur, je passais seul les commandes, je chargeais seul les conteneurs, je faisais tout moi-même. Je m’étais donné un an, si j’étais en mesure de continuer alors je restais, sinon je rentrais au pays. »
Après quelques mois d’apprentissage, et grâce à ses progrès réalisés en chinois et à son sérieux dans les affaires, la réputation de son entreprise n’a fait que grandir parmi ses nombreux clients africains. Elle compte désormais 8 salariés et exporte plus d’une centaine de conteneurs par mois. Aujourd’hui, Ahmed est l’un des porte-étendards de Yiwu au sein de la communauté des commerçants soudanais.
« Les étrangers peuvent facilement s’intégrer à Yiwu, la vie y est facile en raison des restaurants et des boulangeries musulmanes, il y a également de nombreuses mosquées réparties à travers la ville, et nos enfants peuvent étudier dans des écoles spécialisées. La vie est très pratique à Yiwu. »
Ahmed a passé les 13 dernières années à Yiwu. Il espère ainsi devenir un « pont » entre sa ville d’adoption et son continent d’origine. Yiwu est à ses yeux bien plus qu’un lieu synonyme de richesses matérielles, il s’agit désormais de l’endroit où il se retrouve avec ses nombreux amis afin de participer ensemble à diverses activités de loisirs, et se soutenir mutuellement dans la joie et la bonne humeur.
« Nous vivons à Yiwu, nos enfants ont grandi ici, je côtoie les mêmes personnes depuis plus de 13 ans maintenant. À leurs yeux, je ne suis plus un étranger. Moi-même, j’ai le sentiment d’appartenir à cette ville. »
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