Jiang Keyu et Simon Abbé sont en pleine création d'une nouvelle danse à Beijing nommée « Le Jeu ». Les époux chinois et camerounais qui forment la Compagnie ABBE Dance, se connaissent déjà depuis plus d’une décennie.
Leur histoire d’amour a débuté il y a 11 ans, lorsque le Ministère chinois de la Culture a envoyé Naers et Jiang Keyu aider le Cameroun à remettre sur pied le Ballet National. Six mois après son arrivée dans ce pays africain, Jiang Keyu a fait la connaissance du danseur camerounais Simon Abbé.
60 PORTRAITS SINO-AFRICAINS ABBE Dance
JIANG KEYU
Danseuse chorégraphe
Compagnie ABBE Dance
« Un jeune homme aussi grand et aussi beau, danseur de hip-hop. Le premier mot qui m’est venu à l’esprit c'est : talentueux. Trois semaines plus tard, nous sommes allés voir ensemble un spectacle qui nous a peut être donné l’envie de danser ensemble à l’avenir. Ce jour-là, sans trop savoir pourquoi, nous nous sommes pris par la main. »
Mais ces trois belles années au Cameroun à danser dans la joie et la bonne humeur sont passées comme un éclair. Alors que Jiang Keyu s’apprêtait à rentrer en Chine, Simon Abbé, lui, partait pour un travail en France. Tristes, les deux amoureux étaient contraints de se séparer. Une relation à distance n’est jamais facile, et éloignés l’un de l’autre pendant un an et demi, ils devaient se contenter de rester en contact par téléphone. En Chine et se rapprochant de la trentaine, Jiang Keyu devait également faire face à la pression sociale et familiale qui la poussait à se marier. Et cette situation a duré jusqu'à ce que Simon Abbé termine sa tournée en France et s’achète un billet d’avion pour la Chine afin de retrouver Jiang Keyu.
SIMON ABBÉ
Danseur chorégraphe
Compagnie ABBE Dance
« Cela a été difficile, parce qu'il y avait ce désir de retrouver une personne pour qui j’avais des sentiments assez profonds, et il y avait aussi la notion d'être dans un autre endroit où il y avait des possibilités de faire autre chose. Mais je crois que c'était difficile parce qu'il y avait quand même des promesses que je m'étais faite vis-à-vis d'elle. »
Après avoir caché cette relation à ses parents pendant près de six ans, Jiang Keyu s’est enfin décidée à leur présenter Simon Abbé. Ses parents sont tout de suite tombés sous le charme de ce jeune africain. Les deux amoureux se sont finalement retrouvés, mais comme dans tous les mariages mixtes les conflits culturels ont fini par apparaître. Ils ont toutefois su trouver très rapidement leurs propres solutions.
JIANG KEYU
Danseuse chorégraphe
Compagnie ABBE Dance
« Si on se dispute, ou bien en cas de conflit, je lui fais écouter de la musique et il finit par se calmer. Mais moi je n’arrive pas à m’ôter le problème de la tête. Mais avec lui, il sait comment se réconcilier avec moi et me venir en aide. »
SIMON ABBÉ
Danseur chorégraphe
Compagnie ABBE Dance
« Je crois que l'amour, c'est une construction dans la différence. Il n'y a pas de passion constante, ça permet de laisser de la place à l'autre, d'écouter l'autre et de pouvoir faire ce chemin dans la différence ensemble.»
En 2008, les époux ont fondé au Cameroun la Compagnie ABBE Dance. Ils travaillent en Europe, en Asie et en Afrique et enseignent la danse moderne et africaine à des gens venus du monde entier. En 2015, leur nouveau spectacle intitulé《Rupture》, qui explore le thème de la vulnérabilité du sentiment amoureux aujourd'hui, était en tournée dans diverses régions de Chine, du Cameroun, et de France. À l’avenir, Jiang Keyu et Simon Abbé envisagent de transformer leur Compagnie ABBE Dance en une plateforme de danse, de chant et de théâtre susceptible d'offrir une palette artistique la plus large possible.
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