La Chine n'"achète" pas l'Europe (PAPIER D'ANGLE)

11-16-2016 16:43

BEIJING, 16 novembre (Xinhua) -- Plusieurs médias européens ont récemment évoqué la hausse des investissements chinois en Europe, une tendance qui n'a pas échappé au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, qui l'a également mentionnée lors d'une visite en Chine fin octobre.

En effet, les investissements chinois affluent vers l'Europe depuis quelques années. En France, plusieurs grandes sociétés telles que le Club Med et les hôtels Campanile ont été rachetées par des consortiums chinois ou sont passées sous leur contrôle.

Cette croissance inédite des capitaux chinois a soulevé l'inquiétude des pays occidentaux. En Allemagne, par exemple, plusieurs rachats d'entreprises ont été bloqués au nom de la "sauvegarde de l'industrie nationale". Au Royaume-Uni, le projet de la centrale nucléaire de Hinkley Point, entrepris conjointement par la Chine, la France et le Royaume-Uni, a été suspendu en août, puis remis sur la table un mois plus tard par le gouvernement britannique. Confrontés à l'arrivée des investissements chinois, les pays européens manifestent une réticence palpable.

Faut-il vraiment craindre que la Chine n'"achète toute l'Europe"? Jean-Marc Ayrault a donné sa réponse. Lors d'une rencontre avec les entrepreneurs français à Beijing, il a estimé que l'Europe ne devait pas avoir peur des investisseurs chinois et que la Chine, de son côté, avait fait beaucoup d'efforts pour faciliter l'entrée des entreprises étrangères sur son territoire.

Selon des statistiques publiées par l'agence Business France, les investissements chinois ne représentent que 2% du total des acquisitions réalisées en France par des groupes étrangers en pourcentage du nombre d'opérations, une proportion très modeste par rapport à l'Allemagne (12%) et aux Etats-Unis (25%).

Selon le ministère français de l'Economie et des Finances, la France a investi 29 milliards d'euros (plus de 31 milliards de dollars) en Chine continentale et dans la région administrative spéciale de Hong Kong en 2015, tandis que la Chine n'a investi que 3,5 milliards d'euros (plus de 3,7 milliards de dollars) en France. De quoi faire taire les critiques sur le manque de réciprocité

De plus, les investissements chinois dans l'Union européenne ont chuté en 2015. En 2014, les IDE chinois en Europe représentaient 9,78 milliards de dollars. Ceux-ci ont diminué à 5,47 milliards fin 2015, malgré plusieurs grandes opérations d'acquisition menées par des investisseurs chinois. Cette chute s'explique en grande partie par la dégradation globale du marché financier.

Au cours des trois premiers trimestres de 2016, les IDE des pays membres de l'UE ont atteint plus de 7,1 milliards de dollars en Chine, tandis que la Chine n'a investi que 5,6 milliards de dollars sur le vieux continent. De fait, la Chine reste "déficitaire" en matière d'investissements étrangers en Europe.

La Chine n'investit que modérément en Europe et ne cherche pas à s'accaparer le marché européen. Compte tenu de la contribution chinoise au redressement économique de l'Europe, l'idée de bâtir un "garde-fou" contre la Chine, avancée par l'Allemagne, semble peu visionnaire.

Cette inquiétude s'explique par le caractère souvent symbolique des acquisitions : le Club Med, Volvo et le fabricant de pneu italien Pirelli sont de grandes sociétés emblématiques. Ces acquisitions reflètent une demande imminente de la transformation industrielle : outre les produits manufacturés, les investisseurs chinois cherchent de plus en plus à coopérer avec des entreprises qui jouissent d'une excellente expérience en matière de gestion.

La Chine est également un acteur majeur sur le plan du commerce international. D'après un rapport publié par le ministère français de l'Economie et des Finances, le marché intérieur chinois "s'ouvre progressivement au reste du monde" et la Chine est "le deuxième importateur mondial après les Etats-Unis, avec 10% des achats mondiaux en 2015, contre 6% en 2005".

L'idée de refouler la Chine de l'Europe ne tient pas debout. Au cours d'une réunion officielle tenue lundi avec le vice-Premier ministre chinois Ma Kai, le ministre français de l'Economie Michel Sapin a déclaré que la France s'opposait fermement au protectionnisme et appellerait l'Union européenne à respecter ses obligations au regard du droit international, notamment celles concernant la reconnaissance du statut d'économie de marché de la Chine.

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Rédacteur:Jin Wensi |  Source:
french.xinhuanet.com
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