La designer hongkongaise Elaine Ng tente d'insuffler un nouveau souffle à l'artisanat traditionnel chinois. Elle, et d'autres designers, espèrent non seulement sauvegarder mais aussi promouvoir le talent d'artistes ruraux de la province du Guizhou, dans le centre-sud de la Chine.
L'artiste Pan Xiu-ying trace minutieusement les contours d'un motif complexe sur un tissu blanc. Elle trempe un outil de laiton dans une cuve de cire chaude pour compléter son ouvrage. Dans son atelier qui se trouve dans une vallée reculée d'une des provinces chinoises les plus pauvres, Pan utilise les techniques traditionnelles transmises de génération en génération pour teindre un batik à l'indigo qui deviendra par la suite un foulard aux motifs inspirés de la culture ethnique Shui.
Des designers tentent de préserver l'artisanat du Guizhou
Mais ces foulards ne sont pas pour sa famille. Ils sont destinés à des acheteurs fortunés qui se trouvent à des milliers de kilomètres de là.
Âgée de 47 ans, Mme Pan a appris la confection des foulards batik par sa grand-mère. Elle croit que les jeunes générations, incluant sa propre fille, n'y sont pas intéressées.
PAN XIUYING
Artiste
"Les jeunes gens ne veulent pas apprendre comment faire. Ils veulent partir au Guangdong.''
L'employeur de Mme Pan, la designer hongkongaise Élaine Ng, essaie de relancer l'artisanat traditionnel de tribus minoritaires qui se trouvent dans des villages isolés de province du Guizhou, dans le centre-sud de la Chine. Elle fait partie d'un groupe de designers intéressés par le développement durable écologique, qui espère protéger le savoir-faire d'artisans ruraux.
Des designers tentent de préserver l'artisanat du Guizhou
ELAINE NG
Designer
"Lors de mes recherches, j'ai découvert que'à peine 10 pour cent de ce savoir-faire était transmis à la génération suivante. Et la raison principale, c'est que la plupart des jeunes, et même ceux de ma propore génération, ne sont pas attirés par l'artisanat parce qu'il ne leur procure pas le niveau de vie auquel ils aspirent. Ils veulent des téléphones intelligents et ils veulent vivre dans la ville.''
Mme Ng espère que son projet, nommé Dévoilons Guizhou, pourra freiner la disparition de ces traditions alors que de plus en plus de jeunes quittent leur village pour des villes éloignées dans l'espoir d'y trouver un emploi rémunéré.
Cet automne, elle a vendu un nombre limité de foulards, de tabourets en bois et de tuiles hexagonales décorées de motifs batik. Elle travaille aussi avec une compagnie de Shanghai à concevoir des meubles sur mesure qui arborent des boiseries et des tissus fabriqués localement.
La riche culture du Guizhou et sa diversité ethnique attirent des designers indépendants, ce qui contribue à l'essor de l'économie locale. La province a connu une croissance économique de 10,5 pour cent durant la première moitié de l'année, soit la plus forte croissance de toute la Chine.
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