Les Zimbabwéens ont bien accueilli la réduction des charges bancaires imposée par la banque centrale. Mais ils disent que cela ne suffira certainement pas à pousser les citoyens sceptiques à déposer leur argent à la banque.
Les banques ont été accusées de profiter de la crise des liquidités qui s'approfondit, réduisant progressivement les limites de retrait tout en maintenant les mêmes charges bancaires. Préalablement à l'intervention de la banque centrale, les retraits maximum autorisés de 50 dollars coûtaient pas moins de 3 dollars à un distributeur bancaire, et ceci même à l'intérieur de la banque. Donc un fonctionnaire typique, qui touche en moyenne 300 dollars par mois, devrait effectuer 6 retraits pour un coût total de 18 dollars.
LEONARD MABASA
Commerce informel
"Nous souffrions à cause des frais élevés. C'était comme si nous partagions la moitié de notre argent avec la banque, alors que c'est notre argent."
Et les frais élevés n'étaient pas la seule cause d'irritation des clients.
MASIMBA CHISVO
Client de banque
"Je pense que la transparence est essentielle. Elles appliquaient des charges de 5 à 10% et cela n'est pas justifié. Nous ne savons même pas exactement la raison de ces charges."
Les nouvelles charges bancaires ont été fixées à 1% du montant retiré dans les transactions aux distributeurs automatiques bancaires. C'est une mesure qui va dans la bonne direction, mais la clientèle des banques veut davantage.
ROSEMARY SIYACHITEMA
Présidente, Conseil des consommateurs du Zimbabwe
"C'est quelque chose qui devrait être réévalué périodiquement. Nous n'avons pas ces réductions, et puis après nous nous rendormons."
Les profits des banques locales ont été poussés à la hausse par les revenus sans intérêts tels que les charges et les frais. Toute réduction affectera ces revenus, et par conséquent la viabilité du secteur. Mais on perçoit qu'elles auront un impact à long terme.
TAURAI CHIYAMAKOBVU
Analyste économique
"Si ce n'est pas viable, cela signifie qu'il y a trop de banques dans le système pour soutenir l'activité économique actuelle. Nous ne pouvons pas dire : il y a 15 banques ; pour qu'elles survivent, elles doivent charger les usagers qui sont disponibles ; la raison d'être des banques est d'acheter et de vendre de l'argent. Ce n'est pas dans l'intérêt des banques de décourager les gens d'économiser de l'argent."
Il faudra davantage que de réduire les charges bancaires pour gagner des parts de ce marché.
LEONARD MABASA
Commerce informel
"Lorsque nous grandissions, on nous disait d'économiser, parce que ces économies nous rapporteraient des intérêts et grossiraient, mais actuellement ceci est érodé par les charges bancaires mensuelles."
ROSEMARY SIYACHITEMA
Présidente, Conseil des consommateurs du Zimbabwe
"La confiance ne se bâtit pas en un jour. Je pense que nous avons besoin de continuer à y travailler. Davantage de travail est nécessaire pour commencer à faire bouger les perceptions des gens, et ce travail devra beaucoup consister en éducation en matière financière."
Récemment, la banque centrale a lancé une stratégie d'inclusion financière dont la finalité est de ramener une grande portion de citoyens non affiliés à une banque dans la culture d'utilisation des canaux formels et dans la pratique d'économiser à nouveau.
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